Berlin : une ville dans la ville

Le complexe Daimler-Benz inauguré

Le Journal des Arts

Le 25 septembre 1998 - 681 mots

Sous la direction de Renzo Piano, vient d’être achevé à Berlin l’immense complexe Daimler-Benz, véritable ville dans la ville. Celui-ci ne constitue pourtant qu’une partie du gigantesque chantier de la Potsdamer Platz.

BERLIN (de notre correspondante) - Le 2 octobre, le président allemand Roman Herzog inaugurera officiellement un nouveau quartier dans la ville de Berlin : l’ensemble Daimler-Benz, sur la Potsdamer Platz. Comme en un clin d’œil, une équipe d’architectes internationaux dirigée par Renzo Piano a créé une véritable petite ville à l’intérieur de la grande. Situé directement sur l’ancienne frontière entre l’Est et l’Ouest, cet espace de 68 000 m2 accueille 19 nouveaux immeubles, 10 rues, un plan d’eau de 12 000 m2 et une piazza centrale, la Marlene-Dietrich Platz. Les immeubles abritent pour moitié des bureaux, 600 appartements, deux complexes de salles de cinéma, un music-hall, un casino, 120 boutiques, et plus de 20 restaurants et bars.

Ces quatre dernières années, des milliers d’ouvriers ont travaillé jour et nuit afin de transformer un immense terrain vague en un centre urbain international, pour un coût de 4 milliards de deutschemarks (13,4 milliards de francs). Les Berlinois, comme les touristes, ont été fascinés par l’incessant ballet des grues et des engins de chantier, qu’ils ont observé caméra au poing. L’Info Box, cube rouge installé au milieu de la Potsdamer Platz et attraction touristique numéro un, propose aux visiteurs des images cybernétiques du futur Berlin.

De nouveaux bâtiments impliquent de nouvelles commandes artistiques. La firme allemande possède déjà sa propre collection d’art, commencée en 1997 et installée au siège de Stuttgart, qui compte quelque 400 peintures et sculptures non-figuratives de jeunes artistes, allemands et internationaux. Elle installe actuellement six nouvelles sculptures dans les rues, sur les places et autour des bassins du “Potsdamer Platz Project”. Manfred Gentz, l’administrateur chargé du projet chez Daimler-Benz, explique : “Nous souhaitons que le visage de la nouvelle Potsdamer Platz se signale à la fois par une architecture remarquable et par des œuvres d’artistes mondialement connus, qu’elle soit digne de Berlin, nouvelle capitale de l’Allemagne, mais aussi métropole européenne”.

De Rauschenberg à Tinguely
La décision d’acheter certaines œuvres a été prise après avoir consulté Renzo Piano et les autorités locales. En premier lieu, Daimler-Benz a choisi des nouveaux venus à Berlin : pour quatre des artistes sélectionnés, aucune de leurs œuvres n’avait encore été exposée en Allemagne dans un espace public. Riding Bikes de Robert Rauschenberg – des bicyclettes encadrées de néons multicolores – est sa première commande publique. La Neue Nationalgalerie étant située à proximité, la firme allemande a également recherché des œuvres complétant les collections d’art moderne du musée. La couleur et les matériaux ont été des facteurs importants dans le choix des sculptures de la Potsdamer Platz. Daimler-Benz estime qu’elles doivent “inciter les spectateurs à participer au dialogue entre l’art contemporain, moderne et l’architecture urbaine”. Méta-Maxi de Jean Tinguely – une “machine à temps tridimensionnelle, peinte et intemporelle” – et Bleu clair de François Morellet, magnifique installation lumineuse bleu pâle couvrant trois des murs et le sol de l’atrium dans l’immeuble de Renzo Piano sur Reichpietschufer, sont visibles depuis quelque temps déjà. Le Boxer de Keith Haring se dressera à l’angle de la Neue Potsdamer Strasse et d’Eichhornstrasse, face au futur Grand Hyatt Hotel. Comme Galileo de Mark di Suvero – haut de 14 m –, Balloon Flower de Jeff Koons et Riding Bikes de Rauschenberg, il sera dévoilé lors des festivités inaugurales. Celles-ci promettent d’être spectaculaires. Fin août, les façades des nouveaux bâtiments ont été transformées en galerie de photographie, la plus grande jamais vue à Berlin, avec l’accrochage de vingt Hanging Pictures de 1 500 m2 chacune, évoquant en noir et blanc l’histoire de la Potsdamer Platz. Le 2 octobre, 170 grimpeurs escaladeront les immeubles avant de décrocher simultanément les vingt agrandissements, révélant au public les nouvelles constructions et symbolisant du même coup un nouveau commencement. Si beaucoup restent sceptiques sur la résurrection du quartier, Manfred Gentz est pour sa part convaincu : “Cette partie de la ville ne sera pas seulement un centre d’affaires extrêmement important, elle deviendra aussi un forum artistique.”

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°67 du 25 septembre 1998, avec le titre suivant : Berlin : une ville dans la ville

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