Restauration

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Beau comme Apollon

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 3 décembre 2004 - 622 mots

La galerie d’Apollon au Musée du Louvre a rouvert après trois ans de travaux. Sous ce somptueux décor retrouvé, sont présentés un riche ensemble d’objets d’art, les bijoux de la Couronne et le diamant Régent.

PARIS - Le Musée du Louvre a inauguré le 27 novembre la galerie d’Apollon fraîchement restaurée. Située dans l’aile Denon du musée, la galerie royale a subi un « lifting » complet sur une période de trois ans. Pas moins d’une soixantaine de spécialistes – architectes, inspecteurs des Monuments historiques, radiologues, restaurateurs… – ont uni leurs talents pour faire revivre les 105 œuvres (peintures, sculptures, tapisseries) de ce somptueux décor qui servit de modèle à la galerie des Glaces du château de Versailles.
Initiée en 1661 par l’architecte Louis Le Vau, associé à Charles Le Brun à partir de 1663, la décoration de la galerie devait refléter la toute-puissance du Roi-Soleil. Le Brun, premier peintre du roi, choisit le mythe d’Apollon, dieu solaire, et conçut un ensemble de toiles et de stucs qui retracent la course de l’astre sacré dans l’espace et dans le temps. Abandonné en 1678 lors du déménagement de la cour à Versailles, le décor est restauré dans l’esprit XIXe (autrement dit complété), en 1851, sous la direction de l’architecte Félix Duban, nommé par Napoléon III.
Selon Michel Goutal, architecte en chef des Monuments historiques, le parti pris de la restauration version XXIe siècle est un retour à l’état de Duban. La philosophie actuelle de la restauration d’œuvres d’art, qui se doit d’être visible et réversible, explique la présence de larges craquelures. Provoquées par l’atmosphère humide due à la Seine, mais aussi aux infiltrations par les combles du bâtiment, celles-ci, bien que traitées, restent identifiables. La technologie modernefait une apparition discrète par le biais de filtres anti-UV habillant les larges fenêtres, donnant sur le quai du Louvre, ou l’éclairage à la fibre optique des vitrines de présentation datant de 1869.

Mécénat d’entreprise
Boîte à bijoux magistrale, la galerie abrite un ensemble d’objets d’art des plus impressionnants, avec notamment les bijoux de la Couronne et le célèbre diamant Régent, l’un des plus gros connus. Plusieurs vitrines renfermant une sélection de tabatières du XVIIIe siècle occupent le renfoncement des fenêtres. Ces pièces sont issues du département des Objets d’art, son ancien conservateur général, Daniel Alcouffe (parti en retraite en août 2004), en ayant concédé le dépôt. Les galeries de mobilier et d’objets d’art du XVIIIe siècle vont en effet fermer pour restauration début 2005, et ce pour plusieurs années. Une autre partie des collections partira pour Atlanta (Géorgie) (lire le JdA n° 203, 19 novembre 2004), avant de nouvelles destinations à l’étranger, encore tenues secrètes. « Je prête d’autant plus volontiers sachant que les œuvres seront inaccessibles au public en France. Autant en faire profiter le public étranger », estime Daniel Alcouffe.
Devant l’ampleur de la tâche, le Musée du Louvre n’a pas hésité à faire appel au mécénat d’entreprise. Ainsi, 4,5 millions d’euros sur les 5,2 millions du budget (soit 87 %) ont été apportés par le groupe Total. Souffrant d’une image publique plus que ternie depuis la catastrophe écologique qui a suivi le naufrage du pétrolier Erika en décembre 1999, la société a manifestement cherché là une manière de redorer son blason. Le nom de la multinationale sera inscrit dans le marbre du hall Napoléon, mais aussi dans la rotonde d’Apollon, un bel honneur que ne sauraient gâcher les avantages fiscaux dont bénéficient aujourd’hui les mécènes.

GALERIE D’APOLLON

Aile Denon, 1er étage, Musée du Louvre, Paris, tlj sauf le mardi, 9h-18h, tél. 01 40 20 53 17, www.louvre.fr. Catalogue, Musée du Louvre/Gallimard, 368 p., 500 ill., 49 euros, ISBN 2-07-011789-8 ; Écrin des joyaux de la Couronne, Musée du Louvre/Gallimard, 80 p., 9,50 euros.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°204 du 3 décembre 2004, avec le titre suivant : Beau comme Apollon

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