Monument

2018, une année bien remplie pour le Centre des monuments nationaux

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2019 - 788 mots

PARIS

L’établissement public qui gère les monuments de l’État peut s’enorgueillir d’un record de fréquentation et de l’arrivée dans son escarcelle du chantier de Villers-Cotterêts, mais déplore le saccage de l’Arc de triomphe.

Paris. 2018 aura été pour le Centre des monuments nationaux (CMN) une année record. Pour la première fois de l’histoire de cet opérateur public gérant pour le compte de l’État une centaine de châteaux, villas, abbayes disséminés sur le territoire français, la barre symbolique des 10 millions de visiteurs a été (largement) franchie.

La bonne santé du tourisme international a bénéficié aux places fortes du réseau : la fréquentation du Mont-Saint-Michel est en augmentation d’environ 12 % depuis 2017, la Sainte-Chapelle de presque 20 % et les remparts de Carcassonne de 9 %. L’attractivité du Panthéon – qui totalise 870 000 visiteurs en 2018 contre 733 000 en 2017 – a beaucoup à voir avec la cérémonie de panthéonisation de la très populaire Simone Veil qui a braqué les regards sur le monument néoclassique : dans les deux mois d’été qui ont suivi les commémorations, plus de 40 % de visiteurs de plus qu’en 2017 ont passé la porte du lieu.

Plus largement, l’année 2018 aura mis le patrimoine sous le feu des projecteurs. Philippe Bélaval, président du CMN veut le croire : la mission confiée par le président de la République à l’animateur Stéphane Bern pour sauvegarder les monuments en péril et le Loto du patrimoine – largement relayée par les médias – a assuré aux monuments nationaux un regain de popularité. Le château de Bussy-Rabutin, qui fait partie du premier cercle des monuments auquel le Loto doit financièrement participer (à hauteur de 200 000 euros), a notamment vu sa fréquentation augmenter de 11 %. Ce regain de popularité – qui permet à l’opérateur redistribuant ses recettes à l’ensemble de ses monuments d’autofinancer à 85 % son fonctionnement – n’aura pas empêché les mésaventures. En décembre, l’Arc de triomphe de la place de l’Étoile, qui est le site le plus visité du CMN, a été saccagé en marge d’une manifestation de « gilets jaunes » : 1 million d’euros de dégât (selon Philippe Bélaval) ont été chiffrés et le monument (dont les scores de fréquentation restent néanmoins en augmentation de 17 % sur l’année écoulée) a dû fermer ses portes plusieurs jours. Si le président du CMN craint que « le mouvement des gilets jaunes nuise à l’attractivité touristique de la France », il indique néanmoins que les professionnels du tourisme « n’anticipent pas des effets trop négatifs pour 2019 » contrairement à ce qui avait été observé après les attentats de Paris et de Nice. Et l’année en cours devrait apporter son lot de succès publics. Parmi les expositions programmées qui feront la part belle à l’histoire plutôt qu’à l’art, celle que la Conciergerie consacrera à Marie Antoinette devrait remplir les salles à l’automne. L’ouverture au public du phare parisien que constitue la colonne de Juillet – qui devrait avoir lieu à l’été lorsque la Ville de Paris aura réalisé des travaux de piétonisation de la place de la Bastille – devrait susciter la curiosité, en dépit de l’étroitesse des lieux et de l’impossibilité de monter en haut de l’édifice pour des raisons de sécurité.

L’Élysée reprend la main sur le fort de Brégançon

En 2018, le CMN a paradoxalement perdu la gestion d’un monument. Un fait devenu inhabituel pour cet opérateur très volontariste qui, de la villa Kerylos à la villa E-1027, n’aura cessé d’étoffer son réseau de sites au cours des dernières années. En mai, l’Élysée a en effet repris le contrôle du fort de Brégançon, afin qu’il redevienne un lieu de vacances présidentielles et a confié la gestion de l’ouverture au public (restreinte et aléatoire) à l’Office du tourisme de Bormes-les-Mimosas. Le chef de l’État a cependant manifesté sa confiance dans le CMN en lui confiant, en mars dernier, les rennes d’un chantier très complexe : celui du château de Villers-Cotterêts, afin de réaliser un projet culturel « autour de la langue française et de la francophonie ». La restauration et la remise en activité de ce site national en déshérence, estimée à 200 millions d’euros, constituera le grand défi de ce qui sera sans doute le dernier mandat de Philippe Bélaval (le sexagénaire a été reconduit à ses fonctions pour la troisième fois en mars dernier). Le lieu, extrêmement dégradé, cumule en effet les handicaps. Les espaces sont immenses (23 000 m2 de surface bâtie) et ne possèdent que peu de décors préservés. Et la ville, qui est mal desservie et peu équipée en structures d’accueil, n’attire guère les touristes. 55 millions d’euros ont été engagés par l’État dans la loi de Finances 2019. En 2022, pour la fin du mandat du chef de l’État, le logis central du château devra pouvoir recevoir du public.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°516 du 1 février 2019, avec le titre suivant : 2018, une année bien remplie pour le Centre des monuments nationaux

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