Etude

2005, l’année du mécénat

Le Journal des Arts

Le 17 mars 2006 - 743 mots

Le bilan statistique annuel de l’Admical, rendu public le 13 mars, confirme la progression du mécénat d’entreprise en France en 2005.

 PARIS - Le mécénat est en pleine expansion en France. La loi du 1er août 2003 (permettant une déduction fiscale de 60 % de la somme investie pour les entreprises, et jusqu’à 66 % pour les particuliers), porte ses fruits. Près de la moitié des entreprises mécènes ont, depuis la mise en application de cette mesure, augmenté le budget alloué à leurs actions. Tels sont quelques-uns des enseignements du bilan statistique de l’Admical (Association pour le développement du mécénat industriel et commercial) rendu public le 13 mars. Pour la première fois, cette enquête nationale a été réalisée en collaboration avec l’institut de sondage CSA. Il révèle qu’en 2005 près d’une entreprise sur cinq de plus de 200 salariés en France a mené une action de mécénat, ce qui rerésente un total d’environ 800 entreprises et un budget de près d’un milliard d’euros. Selon le rapport, 53 % des firmes concernées se classent parmi les petites et moyennes entreprises (PME), contre 32 % pour celles de plus de 1 000 salariés. En valeur, sur ce montant total d’un milliard d’euros en 2005, les entreprises de plus de 500 salariés ont apporté près de 700 millions d’euros. Mais les sociétés de moins de 500 salariés ont tout de même contribué à plus de 30 % du budget global. Ces éléments statistiques confirment ainsi que le mécénat n’est pas seulement réservé aux grands groupes. De plus, et parallèlement, les particuliers jouent par leurs interventions un rôle de plus en plus grandissant.
Parmi les nettes évolutions de cette année 2005, l’Admical a noté un essor du mécénat de solidarité, auquel le tsunami n’est certainement pas étranger. La catastrophe a en effet impulsé un important élan de générosité, venant aussi bien des entreprises que des particuliers. Fait nouveau, le mécénat se conçoit aujourd’hui davantage dans la durée, avec une pérennisation des politiques et la mise en place de plans pluriannuels. Au-delà du simple événementiel, les entreprises voient dans leurs actions un investissement stratégique à long terme, un véritable engagement, et privilégient en premier lieu la valorisation dans le temps de l’image de la société au détriment de la recherche d’un profit immédiat. Cette évolution se manifeste également par la création de nombreuses fondations d’entreprise (sous le statut de la loi de 1990), notamment au profit de la culture.

Salariés mécènes
Le bilan statistique de l’Admical constate par ailleurs une progression notable du mécénat de compétences (30 %), qui consiste à encourager les salariés à s’investir personnellement dans le soutien de projets ou d’associations, en devenant eux-mêmes mécènes et en apportant leur savoir-faire. Si le mécénat purement financier reste largement majoritaire (88 %), le mécénat de compétences semble promis à un bel avenir. Cette pratique serait même devenue quasi systématique dans les grands groupes, mais apparaît aussi dans certaines PME. Enfin, le mécénat en nature (don de matériel, d’espace média…) est loin d’être négligeable puisqu’il représente 31 % des interventions des entreprises mécènes.
Loin de se cantonner aux domaines traditionnellement sensibilisés à ces questions, comme la banque ou l’assurance, le mécénat séduit aujourd’hui des entreprises issues de tous les secteurs d’activités : agroalimentaire (7 %), énergie/transports/construction (11 %), commerce (8 %), mais surtout industrie manufacturière (35 %) et services (39 %). Contrairement aux idées reçues, 57 % des entreprises sont implantées en province, contre 47 % en Île-de-France.
Les sociétés se lancent donc aujourd’hui volontiers dans le mécénat, en partie grâce aux nouvelles incitations fiscales, et leurs domaines de prédilection se divisent en cinq grandes directions. Si la solidarité arrive largement en tête (66 %), la culture (52 %) – devant le sport (22 %), l’environnement (19 %) et la recherche (11 %) – reste une valeur sûre et l’une des plus prestigieuses vitrines pour les entreprises. D’importantes actions ont ainsi été menées tout au long de l’année 2005 grâce au soutien de grands groupes (Vinci, Total, Axa, Altadis…), mais aussi avec l’aide significative des PME (lire le dossier « Mécénat culturel », JdA no 228, 6 janv. 2006). L’Admical note également le développement du mécénat croisé, par le biais d’entreprises qui soutiennent, par exemple, à la fois des actions de solidarité et des projets culturels.
Ce bilan pour l’année 2005 est très encourageant en dépit du chemin qui reste à parcourir, la France se montrant encore timide par rapport à certains de ses voisins européens, notamment la Suisse.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°233 du 17 mars 2006, avec le titre suivant : 2005, l’année du mécénat

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