Un entretien exclusif avec Quentin Bajac

Par Christine Coste · lejournaldesarts.fr

Le 22 juin 2012 - 760 mots

PARIS [22.06.12] - Responsable du Cabinet de photographie au Centre Pompidou, Quentin Bajac prendra en janvier prochain la responsabilité du département de la photographie du Museum of Modern Art de New York (MoMA), succédant ainsi à l’Américain Peter Galassi parti à la retraite en 2011. Pour Le Journal des Arts, il dresse en exclusivité le bilan de ses neuf années passées au Centre Pompidou après ses débuts de conservateur de la photographie au musée d’Orsay en 1995.

Christine Coste : Comment analysez-vous cette nomination dans votre parcours ?
Quentin Bajac : C’est une nouvelle expérience professionnelle et l’occasion aussi de travailler dans une collection qui a une structure différente de celle du Centre Pompidou puisqu’elle traite du contemporain, du moderne mais aussi du très historique, la collection commençant au début de la photographie.

C.C. : Quel bilan dresseriez-vous de ces cinq années passées à la tête du Cabinet de la photographie ?
Q.B. : Je suis arrivé à un moment où il fallait assumer une transition ; je reprenais un service qui avait été en grande partie le service d’une personne, Alain Sayag, qui avait lui-même été au service des fondateurs. Les « objectifs » que je m’étais fixés de réorienter la collection dans le contemporain et mieux réaffirmer la présence de la photographie dans les espaces des collections permanentes du musée ont été accomplis.
Nous avons essayé également d’assurer, et on sait que c’est toujours insuffisant, au moins une exposition de photographies par an. Quant à l’édition d’ouvrages, elle a été une autre forme de diffusion de la collection. Avec Clément Chéroux (NDLR, conservateur au Cabinet de la photographie), dernièrement a été lancée par les éditions du Centre Pompidou « La collection de Photographies », à l’approche thématique transversale du médium et illustrée d’œuvres puisées dans la collection.

C.C. : Collection qui s’est considérablement enrichie en dix ans.
Q.B. : Considérablement en effet. J’ai accompagné (je n’étais pas encore chef du Cabinet) l’entrée de la collection de la Caisse des Dépôts de sept cents images qui a permis de rééquilibrer la collection vers le contemporain. Partie contemporaine que l’on a développé aussi grâce aux Amis du musée et à la Fondation Centre Pompidou.
La procédure des dations a permis aussi de faire rentrer de beaux ensembles de Brassaï, de Marc Riboud … Quant à l’entrée en novembre dernier de la collection Bouqueret, très importante avec 6 700 tirages couvrant les périodes 1925-1950, elle porte la collection du Centre à 35 000 tirages.

C.C. : En termes d’expositions toutefois, n’avez-vous pas le sentiment d’avoir été contraint durant ces cinq années ?
Q.B. : On ne peut pas comparer la politique d’expositions du Centre dans le domaine de la photographie et celle des autres institutions parisiennes qui sont dévolues au medium. On fait moins que la Maison Européenne de la Photo, que le Jeu de Paume et que la BnF qui a une galerie spécifique. Il est vrai que l’on aimerait faire davantage ; il y a toujours des expositions que l’on aurait aimé faire et que l’on ne fait pas. Il en va ainsi dans nombre d’établissements. J’aurais aimé ainsi faire plus d’expositions thématiques, notamment mené une exposition sur la photographie française, une sorte de regard rétrospectif des années 1950 à nos jours ce que fait la Maison Européenne de la Photographie à l’automne.
Mais les regrets ne durent jamais longtemps et je suis encore assez jeune pour me dire « tiens je le ferai ailleurs sous une autre forme, à un autre moment ».
Mon principal regret cependant est qu’il n’y ait pas au Centre un lieu permanent dédié à la photographie, à la création contemporaine. Ce qui serait un moyen à la fois d’assurer une présence, une visibilité permanente de la photographie, mais également un outil pour enrichir les collections.

C.C. : Avez-vous déjà établi des objectifs lors de votre prise de fonction au MoMA ?
Q.B. : Il y a au MoMA un mode de fonctionnement un peu différent qu’au Centre Pompidou. Le chef de département a davantage en charge la programmation et le mécénat pour l’acquisition et le montage d’exposition. Les projets pour la programmation 2013/14 étant déjà lancés, on commencera à réfléchir à ceux de 2015, j’aimerais toutefois les orienter davantage vers des expositions thématiques que monographiques sans pour autant abandonner ces dernières. Le MoMA a encore un rôle de prescripteur en matière d’exposition.

C.C. : Quel sera votre successeur à la tête du Cabinet ?
Q.B. : Je souhaiterais que Clément Chéroux me succède à la tête du service mais ce n’est pas à moi d’en décider.

Légende photo

Collection Photographies - Coédition Centre Pompidou/Steidl - 468 pages - source www.boutiquesdemusees.fr

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