Un entretien exclusif avec Marion Ackermann, ex-candidate à la direction du MNAM

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · lejournaldesarts.fr

Le 14 novembre 2013 - 577 mots

DUSSELDORF (ALLEMAGNE) [14.11.13] - Marion Ackermann, directrice de la Kunstsammlung NRW (Rhénanie du Nord – Westphalie) à Dusseldorf, revient sur les raisons du retrait de sa candidature à la direction du Musée national d’art moderne.

Aviez-vous posé votre candidature pour le poste de directeur du MNAM ou aviez-vous été nominée ?
Je n’avais pas postulé, une commission internationale avait inscrit mon nom sur la liste des candidats. Après être passée devant cette commission, je faisais partie de la « shortlist » finale.

Pourquoi avez-vous décidé de retirer votre candidature ?

Je suis à la tête d’un grand musée, qui a probablement la meilleure spécialisation mondiale d’art moderne européen, avec plus de cent collaborateurs. Nous disposons de trois lieux d’expositions, qui vont de l’art moderne à l’art contemporain avec K20 et K21. Nous sommes très liés à la France, y compris dans la programmation, et nous avons une longue tradition de collaboration avec le Centre Pompidou. J’ai hésité dès le début car mon poste actuel est excellent. Mais dès que mon nom a été publié, j’ai dû prendre une décision très rapide. Sinon, les relations avec les collaborateurs deviennent difficiles, les projets auraient été gelés. J’essaie par ailleurs de constituer une grande collection : la confiance aurait été brisée si j’étais partie. Dans mon poste actuel, je dispose d’une autonomie et d’une liberté absolue. Je ne l’occupe que depuis quatre ans, et mon départ aurait sans doute été difficile pour le musée.

Avez-vous regretté la publication de votre nom dans la presse ?
Cela ne m’a pas causé de tort : le Musée national d’art moderne a une telle réputation, tout le monde m’a félicitée. Cela a simplement accéléré mon processus de décision.
Mais j’espère que la coopération avec le Centre Pompidou en sortira renforcée, nous avons trois projets en commun d’ici les deux prochaines années. Et je dois dire que je trouve l’initiative de la Mministre excellente en ce qui concerne le processus de recrutement: créer une commission internationale et mettre l’accent sur l’international et la parité.

Quelle était votre vision pour l’avenir du Musée national d’art moderne ?
Le Centre Pompidou est un musée merveilleux, c’est un des plus importants et des plus beaux d’Europe. Une de ses particularités est le caractère de la collection, pleine de surprises. Chaque fois qu’on visite cette collection, on en découvre de nouvelles facettes, des artistes ou bien des œuvres qu’on ne connaissait pas ou qu’on n’avait pas encore vu.
C’est une usine culturelle, très pluridisciplinaire et interdisciplinaire, intégrant plusieurs aspects de la création tels que les films, la danse, les performances, le design. Renforcer cette pluridisciplinarité et renforcer les liens entre chaque discipline représenteraient une chance pour l’avenir, afin de toucher également le jeune public. En renforçant la collaboration entre les différents départements, cela permettrait de créer de l’inattendu, au lieu de se focaliser sur ce qui est connu avec des « blockbusters ».
Par ailleurs, le Centre Pompidou est sur la voie de la mondialisation, mais cet aspect pourrait être développé. La France et la culture française ont tellement à apporter, la philosophie par exemple, tels que le structuralisme et l’existentialisme qui devrait redevenir un thème dans les années à venir. Il y a l’étranger des scènes artistiques très fortes, telles que celles de l’art contemporain en Allemagne par exemple. C’est pourquoi le Centre Pompidou devrait s’internationaliser encore davantage. Alfred Pacquement était un très bon ambassadeur du Centre Pompidou à l’étranger, il est allé partout. Cela doit se poursuivre.

Légende photo

Kunstmuseum K21 - Düsseldorf © Photo Eigene Fotografie - 2005 - Licence CC BY-SA 3.0 

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