Un château du XVIIIe siècle détruit par erreur

Par Romain Bouvet · lejournaldesarts.fr

Le 7 décembre 2012 - 479 mots

YVRAC (GIRONDE) [07.12.12] – Alors que les travaux entrepris visaient à la rénovation du château Bellevue, les habitants de la commune d’Yvrac ont découvert avec stupéfaction que les ouvriers avaient presque entièrement rasé l’édifice du XVIIIe siècle. Le propriétaire affirme qu’il s’agit d’un malentendu.

Le 30 novembre dernier, les habitants de la commune d’Yvrac ont eu la (mauvaise) surprise de découvrir que le château Bellevue qui trônait depuis le XVIIIe siècle dans la rue de la Chapelle avait entièrement été détruit par les ouvriers du bâtiment qui intervenaient sur le site.

Racheté en 2010 par un homme d’affaires russe qui souhaitait en faire sa résidence secondaire, la chartreuse de Bellevue devait faire l’objet d’une « simple » rénovation. C’est en tout cas ce que l’on peut lire sur le panneau du chantier. Le maire de la commune Claude Carty a d’ailleurs confirmé que si un permis de construire avait été délivré en 2011, il n’autorisait que la destruction d’une infime partie des dépendances du bâtiment. Ironie du sort, c’est précisément la seule chose qui subsiste de l’ensemble architectural depuis le passage des pelleteuses.

 La mairie a requis l’intervention du procureur de la République auquel elle a envoyé un constat d’infraction au code de l’urbanisme. Informé de la nouvelle, le propriétaire Dmitry Stroskin s’est dit « sous le choc », affirmant que « même si le bâtiment était en mauvais état, [il voulait] le rénover » et non le détruire. Revenu en urgence pour constater les dégâts, il dit être la première victime des entreprises de bâtiment qu’il avait engagées. D’origine polonaise, les ouvriers semblent ne pas parler couramment le français, une difficulté qui serait à l’origine de cette destruction imprévue. Dmitry Stroskin a cependant précisé qu’il ne rechercherait pas les responsables de cette erreur, le mal étant déjà fait. « Je comprends tout à fait l’émoi de la commune et la procédure auprès du procureur » a-t-il encore ajouté, avant de promettre de reconstruire à ses frais le château à l’identique. « Je vais travailler avec un architecte parisien sur le dossier ».

Cette apparente bonne foi ne suffit cependant pas à convaincre tout le monde. L’AFP, rapporte que sous couvert d’anonymat, certains habitants d’Yvrac se demandent si cette destruction est vraiment une erreur, citant à titre d’exemple le fait que Stroskin s’était inquiété avant les travaux de la profondeur des fondations du bâtiment original qui lui semblaient insuffisantes. Quant au quotidien Sud Ouest qui a révélé l’affaire, il signale que les plans de reconstruction exhibés par Dmitry Stroskin sont signés Architekci, un cabinet polonais et non parisien. Autre fait étrange, l’entreprise responsable de la démolition du château a été conservée pour la reconstruction.

Le maire d’Yvrac a pris un arrêté afin d’interdire les nouveaux travaux, mais celui-ci – délai administratif oblige - n’est pas encore entré en vigueur. Dans l’intervalle, la reconstruction elle, a bien commencé, sans permis…

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