Disparition

Multiples hommages au sculpteur sénégalais Ousmane Sow, monument dans le domaine de l'art décédé jeudi

Par LeJournaldesArts.fr (avec AFP) · lejournaldesarts.fr

Le 2 décembre 2016 - 688 mots

DAKAR (SÉNÉGAL) [01.12.16] - Dirigeants, hommes politiques, intellectuels, artistes et simples citoyens rendaient hommage jeudi à une des plus grandes figures du Sénégal dans le domaine de l'art, le sculpteur Ousmane Sow décédé à l'âge de 81 ans et qui a fait honneur à toute l'Afrique.

Connu pour ses sculptures monumentales de guerriers qui ont fait le tour du monde, Sow - lui-même de complexion robuste, mesurant 1m93 - est né le 10 octobre 1935 à Dakar et n'est devenu artiste qu'à l'âge de 50 ans, après avoir exercé comme kinésithérapeute en banlieue parisienne et au Sénégal.

Selon sa famille, jointe par l'AFP depuis Paris, il est décédé à l'Hôpital Principal de Dakar, sans autres précisions sur ce dont il souffrait et la durée de son hospitalisation. Il a "été très bien assisté médicalement", a-t-on simplement indiqué la même source.

Jusqu'à jeudi soir, aucune précision n'avait pu être obtenue sur la date de ses obsèques à Dakar. Il menait une vie très discrète en dépit de sa notoriété au Sénégal, qui abrite depuis 1992 la biennale "Dak'Art", une des plus importantes manifestations des arts visuels en Afrique.

"Un grand artiste du Sénégal vient de nous quitter. J'appréciais l'homme autant que son oeuvre. Mes condoléances à la famille d'Ousmane Sow", a écrit le président sénégalais Macky Sall sur son compte Twitter, publiant une vidéo de 57 secondes dans laquelle le sculpteur s'exprime sur son art.

"Il n'y a pas de corps parfait, ça me donne la liberté de ne pas faire comme les Grecs, c'est-à-dire des sculptures bien calibrées, et ça, je l'ai acquis par mon métier de kinésithérapeute", explique dans ce petit film Sow, cheveux et barbe blancs accentuant son teint noir.

La présidence sénégalaise avait déjà salué "un artiste de génie", rappelant qu'il a été le "premier Africain à rejoindre l'Académie française des Beaux-Arts" en tant que membre associé étranger en 2013.

Le chef de l'Etat français François Hollande a salué en Ousmane Sow "un immense artiste et un ami de la France". "Ses oeuvres sont le reflet de ses engagements, et ses géants se tenaient toujours debout", a-t-il ajouté.

"Belle figure de l'art"

A La Rochelle (sud-ouest de la France), est visible depuis mai 2015 une autre des imposantes créations, une statue du révolutionnaire et indépendantiste Toussaint Louverture, ancien esclave devenu gouverneur d'Haïti (1743-1803).

Au Sénégal et à travers le monde, sur les médias ou les réseaux sociaux, les hommages affluaient également, exprimés par des personnalités très diverses: hommes politiques, artistes, journalistes, simples citoyens, les mots revenant le plus souvent étant "géant" et "monument".

La secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, a parlé d'un artiste "à nul autre pareil", avec ses sculptures "hors du temps". Il "demeurera une figure emblématique, l'humaniste de la sculpture contemporaine", a dit Mme Jean dans un communiqué transmis à l'AFP.

Pour l'écrivain et poète sénégalais Amadou Lamine Sall, Ousmane Sow restera "le fondateur d'une école artistique et sculpturale. Il a créé une sculpture natale. Il a fondé sa propre valse, son toucher propre". "Notre pays doit une vraie tombe à cette belle figure de l'art", a-t-il dit dans un texte diffusé jeudi soir.

Le plasticien Vieux Diba, professeur à l'Ecole nationale des arts (ENA) et président de la plate-forme des arts visuels au Sénégal a salué un artiste iconoclaste. "Il a poussé l'originalité jusqu'à créer une matière spéciale faite de résine de paille, une matière nouvelle dont lui seul avait le secret", a rappelé M. Diba. Cette matière "est un mélange resté secret, qu'il a réussi à stabiliser au fil du temps", a souligné à l'AFP Massamba Mbaye, critique d'art sénégalais.

Pour certains, esthétiquement, "il était très proche de Rodin [Auguste Rodin, sculpteur français] mais Ousmane Sow est un artiste qui a produit ses propres bases, on n'a pas besoin de le comparer à quelqu'un", a ajouté M. Mbaye. Selon lui, dans le monde de l'art au Sénégal, Sow était l'artiste "le plus coté, avec la potière Awa Seyni Camara", une septuagénaire autodidacte.

Ndiaye Diagne, sculpteur à Dakar, pleure "un père pour tous les artistes sénégalais" mais aussi un homme "universel".
 

Par Malick Rokhy BA et Coumba SYLLA

 

Légende photo

Ousmane Sow posant entre ses sculptures à Lyon, le 1er Décembre 1999 © photo ERIC CABANIS / AFP

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