Coup de théâtre dans l’affaire des faux tableaux de la galerie Knoedler

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 16 février 2016 - 537 mots

NEW YORK (ETATS-UNIS) [16.02.16] – Après trois semaines d’audiences, un accord confidentiel a été conclu entre la galerie Knoedler et les époux De Sole dans le litige concernant la vente d’un faux tableau de Rothko à 8,3 millions de dollars.

Un accord confidentiel, conclu dimanche 7 février entre Domenico et Eleonore De Sole et l’ancienne directrice de la galerie Knoedler, Ann Freedman, a changé en partie le cours du procès intenté par les collectionneurs en 2013. Alors que les témoignages d’experts et d’anciens employés de Knoedler se succédaient depuis trois semaines devant les tribunaux new-yorkais et que Ann Friedman et Michael Hammer, le propriétaire de la galerie, devaient eux-mêmes être entendus le 9 février, le juge Paul Gardephe a suspendu le procès « en raison de circonstances imprévisibles ».

L’accord, dont le contenu n’a pas été dévoilé, a été confirmé mercredi 10 février par les avocats des parties. L’arrangement solde toutes les plaintes déposées par le président du Conseil d’administration de Sotheby’s, Domenico De Sole et de sa femme, Eleonore, contre la galerie Knoedler, rapporte l’Agence Reuters.

En 2004, Domenico et Eleonore De Sole avaient acheté une toile de Rothko auprès de la galerie Knoedler pour 8,3 millions de dollars. Or ce tableau s’est avéré être un des quarante tableaux achetés par la galerie à Glafira Rosales entre 1994 et 2009. Les peintures que vendait cette courtière de Long Island, prétendument signées par les plus grands maîtres de l’art moderne (Mark Rothko, Willem de Kooning, Jackson Pollock, Barnett Newman…) étaient en réalité des faux, réalisés par un artiste chinois, Pei-Shen Quian.

Suite à cette vaste affaire d’escroquerie, la galerie Knoedler & Co a fermé en 2011. En 2013, Glafira Rosales a plaidé coupable pour fraude, évasion fiscale et blanchiment d’argent. Quant au faussaire, il a été inculpé en 2014, mais reste introuvable depuis.

En 2013, les époux De Sole ont intenté un procès contre Ann Freedman et la holding propriétaire de la galerie (8-31), et demandaient 25 millions de dollars de dommages et intérêts. Les avocats des collectionneurs avançaient que Ann Freedman, et plus largement la galerie Knoedler, savaient, ou auraient dû savoir que les tableaux achetés auprès de Glafira Rosales étaient des faux. Un Rothko a un prix d’« aubaine » de 950 000 dollars aurait dû leur mettre la puce à l’oreille. La galerie Knoedler estime quant à elle avoir été abusée au même titre que plusieurs experts et clame sa bonne foi depuis le début des procès.

Depuis la révélation de ce scandale, dix actions en justice ont été intentées contre Anne Freedman, la galerie Knoedler et la holding 8-31. Cinq d’entre elles ont été annulées avant que le procès des De Sole ne commence. Au cours des auditions des dernières semaines, le montant d’une transaction conclue en 2012 restée secrète a été dévoilée. Il s’agirait de l’affaire opposant Pierre Lagrange à la galerie Knoedler, concernant un faux Jackson Pollock vendu 17 millions de dollars par la galerie en 2007. Le règlement de l’affaire se serait conclu par le versement d’une somme de 6,4 millions de dollars.

Mais d’après Charles Schmerler, un avocat de Knoedler, l’accord trouvé avec les époux De Sole n’aura pas de conséquences sur les quatre autres poursuites en cours contre la galerie.

Légende photo

Le collectionneur Domenico de Sole, principal plaignant du procès © et courtesy Sotheby's

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