Pourquoi la Pinacothèque s’installe t-elle à Singapour ?

Par Marion Zipfel (Correspondante à Singapour) · lejournaldesarts.fr

Le 30 janvier 2015 - 424 mots

SINGAPOUR [30.01.15] - En mai 2015, la Pinacothèque ouvrira ses portes à Singapour. Pour son 50e anniversaire, Singapour s’offre un centre d’art privé, pièce indispensable du grand puzzle qu’est la politique culturelle dessinée par la cité-Etat.

A quelques mois de l’ouverture de la Pinacothèque à Singapour, Marc Restellini avait convié la presse pour présenter l’exposition inaugurale « Le Mythe de Cléopâtre ». C’est au Freeport, le port franc de Singapour situé au seuil des pistes de l’aéroport de Changi qu’il donnait sa conférence de presse accompagnée de son homologue singapourienne, la femme d’affaires Suguna Natalie Madhavan. Au mur, trois tableaux de Modigliani, Soutine et Pollock. Trois artistes qui illustrent le concept de transversalité cher à Marc Restellini et qui a semble-t-il séduit les autorités singapouriennes.

Les origines du projet remontent à 2008. Dans le cadre de sa politique de développement de l’art, Singapour cherche à faire venir des musées internationaux. L’EDB, l’agence chargée d’attirer les investissements étrangers se tourne vers la Pinacothèque de Paris et déroule le tapis rouge à son fondateur Marc Restellini. « Je n’avais jamais pensé à Singapour » avoue t-il. Sur place, ses hôtes lui présentent différents lieux possibles. Marc Restellini est alors séduit par une belle bâtisse coloniale de 9 000 m2 surplombant le parc de Fort Canning situé en plein cœur de la ville. Un lieu symbolique puisque c’est là que Stamford Raffles y établit sa première demeure et le premier jardin botanique en 1822. Marc Restellini signe alors un contrat de 10 ans avec l’office de tourisme de Singapour, le Singapore Tourism Board. « J’ai carte blanche sur la programmation et je dois organiser au moins 2 expositions par an ». A ces expositions temporaires s’ajoute le prêt d’une cinquantaine d’œuvres qui seront exposées de façon semi-permanente à Singapour.

Pour Marc Restellini, c’est un choc des cultures. « Ici, c’est le marketing avant tout, on parle de branding c’est un univers très éloigné de mon éducation, très classique, très universitaire » raconte-t-il. « Je suis dans un autre monde ! » Singapour serait cependant pour lui un modèle à suivre pour le monde de la culture en France, « malade de son corporatisme, de son arrogance, de son snobisme et de sa bêtise ». Même à Singapour, Marc Restellini n’a rien perdu de son franc-parler.

Selon les chiffres qui se murmurent, l’aventure singapourienne rapporterait 4 à 5 millions d’euros par an à la Pinacothèque, soit un tiers du chiffre d’affaires du musée privé. Un modèle gagnant-gagnant qui permet de donner de l’air à la Pinacothèque de Paris.

L'ancienne maison de Stamford Raffles dans le Fort Canning Park à Singapour - © Photo Roberto Arias - 2010 - Licence CC BY 2.0 

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque