Vives réactions contre la vente de 400 œuvres appartenant indirectement au Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie

Par Cléo Garcia · lejournaldesarts.fr

Le 9 janvier 2015 - 515 mots

DÜSSELDORF (ALLEMAGNE) [09.01.15] – Une société de services financiers allemande appartenant indirectement au Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie veut liquider sa collection de plus de 400 œuvres, dont certaines de Picasso, Macke, Dali, Beuys ou encore Henry Moore. Les directeurs de musée ainsi que le gouvernement du Land expriment leur opposition virulente.

La controverse autour de la cession d’œuvres appartenant à l’Etat se développe à nouveau en Allemagne. Après la vente chez Christie’s en octobre 2014 de deux œuvres de Warhol par le casino Westspiel, qui appartient au Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, c’est à présent Portigon, une société de services financiers devenue la propriété d’une autre banque, West LB, qui est elle aussi détenue par le Land qui a déclaré son intention de liquider sa collection de plus de 400 œuvres. Tout comme le casino, Portigon appartient indirectement au Land et le statut de sa collection est donc problématique : s’agit-il de biens publics ou privés ?

La valeur de l’ensemble des œuvres de la collection est estimée par des experts entre 150 et 200 millions d’euros. La liste détaillée et exhaustive des œuvres reste confidentielle mais Focus et le Frankfurter Allgemeine Zeitung parlent de lithographies de Picasso, d’œuvres de Salvador Dali, d’August Macke, de Joseph Beuys, de Günther Uecker, d’une sculpture d’Henry Moore et de trois violons fabriqués par Stradivarius. Portigon affirme que sa collection sera vendue dans son intégralité, sans pour autant se dépêcher : pendant une « période de transition » de deux ans, la société veut prêter ses œuvres à divers musées rhénans à l’occasion d’expositions temporaires.

Dans une déclaration commune, les directeurs de plusieurs musées concernés ont exprimé leur franche opposition au projet de Portigon et ont affirmé leur intention de décliner toute offre de prêt pour des expositions futures, rapporte l’agence de presse DPA. La proposition de la société est selon eux « cynique » et cette vente constitue une « déclaration de banqueroute culturelle et politique ». Ils réclament un examen juridique, espérant trouver un moyen d’« empêcher la liquidation de biens culturels ».

Le président de Portigon, Kai Wilhelm Franzmeyer s’est expliqué dans le journal Rheinische Post : « Il n’y a pas d’alternative à la vente de la collection de Portigon […] Si quelqu’un veut la garder, il devra y mettre le prix, et aux prix du marché ». Ute Schäfer, la ministre de la Culture de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a vivement critiqué la démarche de Portigon et a proposé l’organisation d’une table ronde qui doit avoir lieu le 5 février prochain dans le but de discuter de la manière dont le gouvernement du Land devra agir à l’avenir relativement aux biens culturels du Land. Portigon est invité à défendre sa position.

Monika Grütters, la ministre fédérale de la Culture, avait déclaré en octobre 2014 lors de la vente des deux Warhol : « La vente aux enchères des deux tableaux de Warhol issus du patrimoine public briserait un tabou, avec des conséquences fatales. ». Ces deux œuvres, Four Marlon et Triple Elvis, avaient été le clou de la vente record du 12 novembre 2014 chez Christie’s, rapportant 120 millions d’euros.

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