Le faux bond d’Aurélie Filippetti à l’inauguration de l’Institut Culturel Google à Paris

Par Julien Rocha · lejournaldesarts.fr

Le 12 décembre 2013 - 660 mots

PARIS [12.12.13] – Alors qu’elle avait initialement prévu d’assister à l’inauguration de l’Institut Culturel du géant américain de l’Internet Google à son siège parisien, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a créé la surprise en boudant finalement l’événement.

L’inauguration le 10 décembre 2013 du « Lab » de l’Institut Culturel du géant américain Google dans le IXe arrondissement de Paris, a été marquée par l’annulation de la visite de la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti. Prévue à l’origine mais ayant décidé le matin même de ne pas s’y rendre, elle a été remplacée au pied levé par Fleur Pellerin, ministre en charge de l’Innovation et de l’Economie numérique.

Aurélie Filippetti s’est justifiée de son absence dans Le Monde par la volonté de ne pas « servir de caution à une opération qui ne lève pas un certain nombre de questions que nous avons à traiter avec Google : la question de l’équité fiscale, celle de la protection des données personnelles, celle de la protection de la diversité culturelle et enfin le dossier des droits d’auteurs ». Elle fait notamment référence au conflit ayant opposé l’entreprise américaine et les maisons d’éditions françaises de 2004 à 2012, à la levée de boucliers en 2009 des historiens contre la volonté d’indexation exclusive sur Internet du patrimoine de la BnF, et à l’enquête du fisc français réclamant à Google un milliard d’euros pour fraude fiscale.

La ministre a également déclaré vouloir veiller à « l'équilibre » des contrats entre les établissements publics et Google dans le cadre du Google Art Project, qui propose gratuitement à l’internaute des visites virtuelles et la possibilité de regarder les œuvres numérisées en très haute définition.

Si l’Adami, société représentante des artistes interprètes, et l’ADAGP, société de perception et répartition des droits d’auteurs dans le domaine des arts visuels, se sont félicités de cette « décision courageuse », celle-ci n’en reste pas moins surprenante puisque l’événement était inscrit dans l’agenda public de la ministre et que ses équipes étaient déjà allées à l’Institut Culturel faire du repérage en prévision de la visite. Sa présence aurait également pu être l’occasion de réaffirmer médiatiquement ses positions.

Accompagnée de David Kessler, conseiller Culture et Médias du président de la République, Fleur Pellerin a tenu un discours ferme à l’égard de Google, en précisant qu’il n’était « pas question de renoncer à nos valeurs, à notre idée d’une société plus juste, plus ouverte et plus égalitaire », rappelant le géant de l’Internet à « respecter strictement les lois de notre pays », citant notamment les points de frictions de Mme Filippetti. Nick Leeder, directeur général de Google France, s’est dit « déçu » et « surpris » du boycott de la ministre de la Culture, mais a tenu célébrer « le travail accompli avec près de 400 partenaires du monde entier, dont de nombreuses institutions françaises. Nous sommes très fiers de l'ouverture de l'Institut Culturel qui constitue un investissement significatif en France pour la démocratisation de l'accès à la culture ».

L’Institut Culturel de Google a été créé en 2011 comme une plate-forme Internet permettant l’accès à des documents d’archives, des œuvres d’art (le Google Art Project), des monuments et des sites patrimoniaux (le Google World Wonders Project) du monde entier, grâce à des visites virtuelles, des photographies et des reconstitutions 3D. Le choix de Paris pour donner un espace physique au projet installé dans 340m2 au sein du siège français de Google, a été justifié par le qualificatif de « Silicon Valley de la culture » attribué à la ville. Dirigé par Laurent Gaveau, ancien responsable des nouvelles technologies au château de Versailles, l’établissement vise à devenir un « lieu de recherche autour de la rencontre entre culture, art et technologie », en mettant à disposition des artistes un atelier, le « Lab », équipé de la technologie de pointe utilisée par le Google Art Project (écran géant interactif, appareil photo très haute définition, imprimante 3D, station de capture 3D...).

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Fleur Pellerin - © Photo Lionel Allorge - 2012 - Licence CC BY-SA 3.0

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