La foire de Shanghai Sh Contemporary veut se relancer

Par Virginie Chuimer · lejournaldesarts.fr

Le 7 septembre 2012 - 582 mots

SHANGHAI (CHINE) [07.09.12] - La foire de Shanghai « Sh Contemporary » mise sur sa nouvelle direction depuis 2011 pour se refaire une santé et tirer son épingle du jeu parmi les nombreux salons en Asie.

Un parfum de renaissance flotte dans les allées de la Sh Contemporary qui ouvre ses portes pour la sixième fois à Shanghai (jusqu’au 9 septembre 2012). Après une première édition en 2007 orchestrée par Lorenzo Rudolf, le marchand genevois Pierre Huber et BolognaFiere, la foire peinait à sortir du lot sur fond de crises, de tiédeur artistique et de litiges.

Rappel : à la suite de plaintes d’un galeriste français contre Pierre Huber, BolognaFiere suspend ce dernier de ses fonctions. Celui-ci saisit la justice et obtient gain de cause. Le groupe italien est condamné à lui verser réparation. Entretemps, le poste de Pierre Huber est confié à un pool de curateurs et d’artistes. Lorenzo Rudolf quitte le navire, les directions se succèdent ; Colin Chinnery, artiste-conservateur, puis en 2011, le milanais Massimo Torrigiani, co-éditeur du magazine Fantom.

Cette année, sur les 90 exposants, 50 % proviennent de Chine, 25 % d’Asie Pacifique et les derniers 25 % d’Occident. Quelques pointures répondent toujours à l’appel comme Galleria Continua (le Moulin/Pékin/San Gimignano), James Cohan (New York/Shanghai), Massimo de Carlo (Milan/Londres), mais d’une manière générale, les occidentaux de la première heure boudent le salon : nulle trace de Pace Gallery, ni d’Yvon Lambert, Chantal Crousel, Jérôme de Noirmont ou Anne de Villepoix. Seules les galeries parisiennes Magda Danysz et Galerie Italienne y participent.

Pour Massimo Torrigiani, les enjeux sont de taille car l’image de la foire reste ternie et la concurrence avec les autres capitales asiatiques est rude. Hong Kong bat le haut du pavé avec Art HK, Taiwan s’inscrit dans la durée avec Art Taipei et Singapour, Dubai comme Abou Dhabi ont désormais leurs foires. « A mon arrivée, en 2010, j’ai trouvé un salon sans caractère, malgré les efforts consentis » explique-t-il. « J’ai décidé de le refondre en privilégiant l’art régional et en créant de nouvelles synergies ». Il joue alors la carte de la singularité en favorisant les galeries émergentes avec des prix compétitifs (5000 euros pour 20m²). Certaines sections du « Sh Contemporary Projects 2012 » sont d’ailleurs uniquement réservées aux jeunes marchands et à la photographie, médium idéal, selon lui, « pour attirer le collectionneur chinois débutant ». Il convie encore le réseau pointu de curateurs « ArtHubAsia » et établit des passerelles inattendues. Cette année, un focus est mis sur la scène indienne (« Focus India »), en collaboration avec la fondation « Creative India Foundation » qui développe un parc de sculptures en Inde. « La Chine qui regarde vers l’Europe et les USA, on connaît. Mais celle qui dialogue avec l’Inde ou le Japon, c’est du jamais vu. Nous créons une entité qui n’a pas besoin des instances occidentales pour être crédible ».

Torrigiani réussira-t-il à faire de la foire « le miroir des mouvements créatifs de Chine et d’Asie » qu’il espère ? L’environnement semble en tout cas propice. La ville aspirant à devenir un des plus importants « hub » artistiques asiatiques est à 2h d’avion de Pékin, de Hong Kong, de Tokyo, à 2h30 de Séoul, donc proche des grands marchés. Les foires de la capitale ArtBeijing et CIGE restent très locales. Enfin, de riches collectionneurs, l’indonésien Budi Tek ainsi que le couple chinois Liu Yiqian et sa femme Wang Wei, s’apprêtent à y ouvrir leurs gigantesques musées. Ce qui peut faire réfléchir.

Légende photo

Li Shan Untitled (1975) - Huile sur carton - 26x18,5 cm © courtesy Boers-Li - source www.shcontemporary.info

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