Berlin – Paris, « une habitude bien-aimée » selon la presse allemande

Par Isabelle Spicer (Correspondante à Berlin) · lejournaldesarts.fr

Le 6 juillet 2012 - 715 mots

BERLIN (ALLEMAGNE) [06.07.12] – L’échange de galeries Berlin-Paris a peiné à trouver un public cette année dans la capitale allemande. Malgré la baisse du nombre de galeries, la manifestation reste un modèle de coopération culturelle entre les deux pays.

La formule est simple et c’est ce qui fait son succès. Sous l’impulsion de l’Ambassade de France, des galeries berlinoises choisissent un partenaire parisien. Les galeries échangent leurs locaux à une ou deux semaines d’intervalle. Chacune d’entre elles prend en charge ses propres coûts. L’ambassade, par l’intermédiaire du Bureau des Arts plastiques de l’Institut français de Berlin, s’occupe de l’organisation générale et assure la communication autour du projet, mettant à disposition depuis 2009 un budget stabilisé à 30 000 euros (sur un budget total de 75 000 euros en 2012).

On avait pu craindre que cette coopération, créée en 2009, ne survive pas au changement d’équipe. Mais le nouvel Ambassadeur de France, M. Gourdault-Montagne, a souhaité poursuivre l’aventure.

Les galeries disposent d’une liberté totale dans le choix des partenaires et des artistes. Il ne s’agit pas d’exposer un quota d’artistes français, mais de procéder à un échange entre scènes artistiques. Certaines galeries choisissent de procéder simplement à un échange de local, à l’instar de la galerie carlier | gebauer, qui a laissé carte blanche à l’artiste Aurélien Froment. La galerie Almine Rech expose quant à elle dans la galerie Zink des artistes qui n’ont encore jamais été montrés à Berlin.

Mais ce sont les galeries qui poussent plus loin la collaboration et exposent un mélange d’œuvres des deux galeries qui obtiennent les résultats les plus intéressants. La galerie Klemm’s a joué cette année sur la complémentarité en s’associant à la galerie Torri. Les deux galeries partagent le même intérêt pour l’art conceptuel, tout en privilégiant des artistes qui ont un impact visuel immédiat. A Paris, Bettina Klein est curateur de la programmation.

Même constat à la galerie Mehdi Chouakri, qui est fidèle au même partenaire depuis quatre ans, la galerie 1900 - 2000. Comme les autres galeries, elles avaient procédé les premières années à un simple échange de local. Y sont présenté depuis l’an passé un mélange des œuvres des deux galeries ; cette année elles ont été « zieutées et choisies » par l’artiste Jean-Jacques Lebel.

A souligner cette année, la participation pour la première fois d’une galerie de design berlinoise, Ulrich Fiedler, qui héberge le projet Chandigarh en Inde de Le Corbusier en partenariat avec Jousse Entreprise.

Malheureusement, la nouvelle équipe n’a pas réussi à attirer le public cette année. Le changement de date, de janvier à juin et juillet, censé favoriser les échanges dans un cadre plus estival, ainsi que l’organisation dans des délais resserrés, se sont révélés fatals. Ainsi, la galerie Florent Tosin qui avait participé à l’échange en 2011, a jeté l’éponge faute de partenaire parisien. Le nombre de participants est passé d’une vingtaine à seize. Le mois de janvier permettait de créer l’événement à un moment creux de l’année.

La foire de Bâle fin juin marque traditionnellement la fin de la saison pour les collectionneurs. De plus, à Berlin comme à Paris, la période de vacances scolaires induit une baisse automatique de fréquentation des galeries. La majorité des participants cette année souhaitent modifier la date de l’événement.

En plus de ces contraintes, les organisateurs ont joué de malchance cette année. Lors de la réception à l’ambassade, les interlocuteurs allemands avaient un œil sur l’écran de télé retransmettant la demi-finale de foot Allemagne-Italie tout en poursuivant des conversations professionnelles. Le lendemain, une chaleur accablante n’incitait guère à faire une tournée des galeries.

Mais selon Sebastian Klemm, directeur de la galerie Klemm’s, ce relatif échec n’est pas une raison suffisante pour arrêter l’échange : il faut qu’un événement se reproduise d’année en année avant que les habitudes ne soient prises et que les collectionneurs ne se déplacent systématiquement. C’est également l’avis de la presse allemande, et notamment du quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung qui couvre l’événement en titrant « une habitude bien-aimée ».

On reconnaît souvent les bonnes idées, à l’instar de la fête de la musique ou des nuits blanches, au fait qu’elles font des petits : il est question de mettre en œuvre un échange de galeries entre Paris et Genève, basé sur le même principe que Berlin - Paris.

Légende photo

Berlin - © Photo A. Leschek - 2006 - Licence CC BY-SA 3.0 

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