Berlin-Paris, des intérêts bien communs

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 23 mai 2012 - 418 mots

Le Gallery Weekend de Berlin (27”¯au 29”¯avril) vient de prouver à nouveau son importance. Dès vendredi matin, collectionneurs internationaux, directeurs de musées, Sociétés d’Amis de Musées, amateurs parcouraient les cinquante et une galeries inscrites. Il fallait beaucoup circuler et donc choisir”¯; le Gallery Weekend s’était doté d’une plateforme Internet en 3D permettant de préparer le marathon.

Soleil éclatant, 29 degrés, Berlin était tonique, dopée par la qualité générale et la diversité des œuvres, même si la vraie surprise aurait pu davantage se produire. In fine, un chiffre d’affaires salué comme largement satisfaisant. Alors pourquoi le nouveau bureau du Comité professionnel des galeries d’art n’initierait-il pas une telle manifestation à Paris ? Des regroupements par quartier existent déjà, mais il ne s’agit pas de cela : un week-end qui réunirait toutes les galeries majeures de la capitale offrant des expositions attendues, servi par une logistique d’accueil international sans faille !

Voilà un événement qui existe depuis huit ans dans la capitale allemande, organisé par les galeries elles-mêmes et qui parvient à se développer malgré les escarmouches inévitables à ce genre d’entreprise. Il est d’autant plus salutaire que la foire Art Forum n’aura plus lieu : seule subsiste l’originale abc, (art Berlin contemporary, foire thématique avec pour thème la sculpture, du 3 au 16 septembre,), elle aussi portée par des galeries. Voilà donc un événement qui incite judicieusement les collectionneurs à prendre, à reprendre le chemin des galeries. La multiplication des foires aux quatre coins du monde tend à gommer le travail de fond de ces dernières, à faire oublier qu’une relation doit se construire durablement entre un artiste et un marchand pour diffuser le travail du premier. Les galeries se réduisent à des stands ponctuels. Le jeune et nouveau public séduit par l’événementiel privilégie les foires et néglige les murs. La galerie du XXIe siècle se bornera t-elle à un bureau, un site Internet et la participation à des foires ? Berlin prouve encore le contraire.

Le seul nuage outre-Rhin, vient de Pékin et à propos d’un autre sujet. Les galeristes s’alarmaient de la mise en détention incompréhensible par les autorités chinoises, depuis fin mars, du responsable allemand d’une importante société de transport d’œuvres d’art. En cette période de transition du pouvoir chinois, les luttes de clans s’aiguisent face à la croissance du marché de l’art, la volonté de profiter de ses retombées, la corruption et également au prétexte inquiétant d’une lutte idéologique contre l’occidentalisation culturelle du pays. Hormis à Hongkong, « paradis » fiscal, l’importation d’art venu de l’Occident deviendrait périlleuse. Là aussi, Berlin et Paris sont concernés.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°370 du 25 mai 2012, avec le titre suivant : Berlin-Paris, des intérêts bien communs

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