Tunisie : l’exposition qui met le feu aux poudres

Par Thomas Bizien · lejournaldesarts.fr

Le 14 juin 2012 - 355 mots

TUNIS (TUNISIE) [14.06.12] – Un couvre-feu a été décrété en Tunisie suite à des émeutes provoquées par des salafistes opposés à une exposition jugées « choquante » et « indécente » pour les « valeurs sacrées » musulmanes.

Le calme n'est pas retombé en Tunisie. Au soir du mercredi 13 juin, plusieurs localités du nord du pays étaient encore le théâtre de violents affrontements entre les forces de police et des militants salafistes. Bien qu'un couvre-feu ait été décrété, les radicaux ne semblent pas disposés à rentrer chez eux. Le Ministère de l'intérieur tunisien a dénombré une centaine de blessés. Plus de 160 personnes ont depuis été arrêtées.

A l'origine de cette colère, une exposition organisée à l'occasion du Printemps des Arts de Tunis. Quatre toiles sont incriminées, parmi lesquelles deux de l'artiste Mohamed Ben Slama. L'une, Femme au couscous à l'agneau représente une femme quasi nue avec en arrière plan des hommes barbus, l'autre montre des fourmis sortant du cartable d'un petit garçon et formant le nom d'Allah. Une installation intitulée The Ring a aussi déclenché le courroux des islamistes. Elle présente sur un ring de box les visages de femmes tunisiennes, de juifs et de chrétiens peints sur des punching bags.

La tension a commencé à monter dimanche 11 juin, lorsqu'un groupe de salafistes accompagné d'un avocat et d'un huissier de justice, a demandé aux organisateurs du Printemps des Arts de décrocher des oeuvres, jugées « offensantes aux valeurs sacrés ». Les forces de l'ordre sont intervenus, soutenus par des citoyens et des personnalités politiques, appelés à se retrouver par un mot d'ordre lancé sur Facebook.

A la tombée de la nuit, des centaines d'islamistes radicaux sont revenus et ont investi l’espace d'exposition situé à La Marsa, un quartier huppé de Tunis. Ils ont endommagé les œuvres contestées, déchirant les toiles et détruisant l'installation. Le ministre de la Culture tunisien, Mehdi Mabrouk, qui dit soutenir la liberté d'expression, a dénoncé « tous les types d'agression à l'encontre des valeurs sacrées », dans des propos rapportés par l'AFP. Il a annoncé mardi qu'il allait porter plainte contre les organisateurs de l'exposition Printemps des Arts.

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Le Printemps des arts 2012 - Foire d'art contemporain à Tunis - source orange-tunisie.com

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