Histoire de l'art

Redécouverte d’un tableau d’Artemisia 

Par Jinane Dolbec · lejournaldesarts.fr

Le 4 mars 2020 - 473 mots

MUNICH / ALLEMAGNE

L’œuvre sera exposée en parallèle de la grande rétrospective de la peintre baroque à la National Gallery en avril prochain. 

Le David et Goliath nouvellement attribué à Artemisia Gentileschi. © Courtesy Simon Gillespie Studio.
Le David et Goliath, détail, nouvellement attribué à Artemisia Gentileschi.
© Courtesy Simon Gillespie Studio.

Un tableau représentant David et Goliath a été authentifié comme étant l’une des trois versions du sujet peint par Artemisia Gentileschi. La toile a refait surface sur le marché de l’art lors d’une vente chez Hampel Fine Art à Munich. Lors de sa restauration, les experts ont découvert la signature de l’artiste inscrite sur la lame du roi d’Israël. 

Le tableau, autrefois attribué au peintre caravagiste Giovanni Francesco Guerrieri (1589-1657), avait été vendu chez Sotheby’s dans les années 1970 avant de tomber dans l’oubli. En 1996, l’universitaire italien Gianni Papi a suggéré qu’il s’agirait en fait de l’œuvre d’Artemisia, mais son attribution fut rejetée. 

Il a fallu attendre 2018 et la vente de Munich pour que les experts se penchent à nouveau sur le tableau. L’acheteur, un collectionneur britannique resté anonyme, a engagé le conservateur Simon Gillespsie pour restaurer l’œuvre, ce qui a permis de découvrir la signature de l’artiste, ainsi que différents éléments caractéristiques du travail d’Artemisia. 

Le David et Goliath nouvellement attribué à Artemisia Gentileschi. © Courtesy Simon Gillespie Studio.
Le David et Goliath nouvellement attribué à Artemisia Gentileschi.
© Courtesy Simon Gillespie Studio.

Il s’agit du sujet biblique favori de la peintre, à l’instar de sa célèbre représentation de Judith et Holopherne. On remarque aussi une série de détails comme le paysage en clair-obscur en arrière-plan, la couleur ocre du manteau de David, le rendu de sa manche qui rappelle celui de la servante dans La Naissance de Saint Jean-Baptiste (1633-1635) ou encore la lumière qui tombe sur son visage, rappelant celui d’Esther dans Esther et Assuérus (1628-1635).  

Artemisia Gentileschi (1593- 1652) était une peintre italienne de l'école caravagesque. Elle a fait son apprentissage artistique dans l’atelier de son père, Orazio Gentileschi, représentant du caravagisme romain. Elle s’installe à Naples en 1630 et devient une peintre de cour à succès, sous le patronage des Médicis. En 1638, elle rejoint son père à Londres, devenu peintre à la cour de Charles Ier.

Aujourd’hui considérée comme l’une des figures majeures de la peinture baroque, Artemisia Gentileschi s’est imposée à une époque où les femmes peintres ne sont pas facilement acceptées. Son œuvre a souvent été ignorée ou attribuée à des hommes, particulièrement à son père. On s’intéresse aujourd’hui de plus en plus à son travail, et sa toile Lucrèce (1623-1625) a été vendue 4,8 millions d’euros chez Artcurial en novembre dernier, devenant le nouveau record mondial d’une œuvre de l’artiste aux enchères. 

Sa biographe Mary Garrard attribue au viol qu’elle a subi et au procès humiliant qui s’ensuivit certains aspects de son œuvre, comme le goût pour l’obscurité et la violence, en particulier dans Judith décapitant Holopherne (1612). De grands jets de sang jaillissent de la blessure, Judith a les traits crispés par l’effort et la servante, contrairement à la version de Caravage, participe activement au meurtre, ce qui a été parfois interprété comme une marque de solidarité féminine.

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