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Le Musée de La Roche-sur-Yon prend ses aises

Par Margot Boutges · Le Journal des Arts

Le 11 mars 2019 - 725 mots

LA ROCHE-SUR-YON

Privé d’une grande part de ses surfaces d’exposition depuis une quinzaine d’années, le musée vendéen déménage pour pouvoir déployer ses collections. Il devrait rouvrir ses portes en 2023.

Façade du musée de La Roche-sur-Yon en 2012
Façade du musée de La Roche-sur-Yon en 2012

Le déménagement du Musée des beaux-arts de La Roche-sur-Yon a longtemps été un serpent de mer. Il est aujourd’hui acté, ce qui va permettre à l’institution de déployer enfin ses collections.

En 2003, le musée municipal de la petite cité vendéenne avait été amputé de ses salles d’exposition permanente. Le premier étage du bâtiment du XIXe siècle où est logé le musée, qui n’est accessible que par un étroit escalier et ne dispose pas de sortie de secours, a même été épinglé par les commissions de contrôle des établissements recevant du public, et condamné aux visiteurs. Depuis, l’équipe scientifique a dû se contenter de son rez-de-chaussée de 250 m2 pour présenter son fonds d’œuvres, qui fait la part belle à la peinture académique du XIXe siècle (Paul Baudry, Émile Vernet-Lecomte…) et à la photographie plasticienne (Jeff Wall, Andy Warhol, Cindy Sherman…). Hélène Jagot, attachée de conservation et directrice du lieu depuis 2005, a su cependant mener une politique d’expositions temporaires dynamique, où se sont distinguées des manifestations ambitieuses telles « Devenir artiste au XIXe siècle » (2007), « L’artiste en représentation » (2013) ou « Les visages de l’effroi » (2016).

En parallèle, la Ville a cherché à rendre au musée ses espaces perdus. La possibilité de réaliser des travaux sur site a été étudiée, mais écartée. « L’agrandissement ne pourrait y être qu’assez minime pour un coût exorbitant. Un déplacement du musée s’est avéré une solution plus efficace », résume Hélène Jagot.

Néanmoins et pendant des années, les projets menés dans ce sens ont été détricotés au gré du calendrier électoral et ont fait chou blanc. Ainsi celui d’installer l’institution dans une ancienne gendarmerie ou de l’intégrer dans un pôle culturel flambant neuf. Hélène Jagot relativise ces échecs : si le musée n’a finalement pas pris place au sein du pôle culturel ouvert en 2017 (à la différence du conservatoire et de l’école d’art), il y dispose néanmoins d’un pied-à-terre pour organiser des expositions temporaires d’art contemporain et de photographie.

Dans l’ancien palais de justice

Depuis les dernières élections municipales, le brouillard entourant le déplacement du musée s’est dissipé. « Le concours d’architecture a été lancé l’année dernière », explique Jean-Michel Pierre, directeur des affaires culturelles de la Ville, confirmant qu’un point de chute a été retenu et que le déménagement est sur les rails. C’est dans l’ancien palais de justice que le musée ira se loger, aux côtés de l’hôtel de ville et d’agglomération qui cherchait également à s’implanter dans de nouveaux murs. Cette bâtisse du XIXe siècle, dont la façade néoclassique arbore une imposante colonnade a été extrêmement transformée au fil du temps et pourra se prêter à l’installation d’un musée, après des travaux d’envergure. Des travaux qui devront notamment redonner un peu de lustre à l’ancienne salle d’audience, dont les beaux volumes d’origine n’ont pas disparu.

Pour le musée, c’est une opportunité de dérouler sur près de 1 500 m2 un parcours permanent et des salles d’exposition temporaire plus importantes. Le programme muséographique prévoit un circuit de visite en deux étapes : la première doit être consacrée à l’histoire de La Roche-sur-Yon, ville pour laquelle Napoléon Ier avait nourri de grands espoirs (déçus) de cité administrative idéale. La seconde doit être dévolue aux beaux-arts en mettant l’accent sur le XIXe siècle et ses grands genres artistiques (peintures d’histoire, paysages, portraits…).

Le musée a annoncé qu’il fermera ses portes au public le 23 juin à l’issue de son exposition sur l’intimité de Napoléon Ier (qui a obtenu le label d’intérêt national) pour se préparer à son déménagement. Le chantier des collections sera sans nul doute facilité par le gros travail de restauration et de récolement déjà effectué sur les œuvres au cours de la dernière décennie. Le Musée de La Roche-sur-Yon – qui a également bénéficié d’un budget d’acquisitions confortable – a l’avantage de ne pas avoir été laissé en jachère malgré ses espaces contraints.

L’ouverture au public du nouveau musée est prévue pour 2023, avec à sa tête un nouveau directeur ou une nouvelle directrice. La Ville recherche actuellement la personne qui succédera à Hélène Jagot. Cette dernière a quitté ses fonctions début 2019 pour entrer en formation à l’Institut national du patrimoine après avoir réussi le concours de conservateur du patrimoine.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°518 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Le Musée de La Roche-sur-Yon prend ses aises

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