Belgique - Château

PATRIMOINE

Le château de Horst sur la voie de la stabilité

Par Gilles Bechet, correspondant en Belgique · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2024 - 869 mots

HOLSBEEK / BELGIQUE

Les travaux entrepris dans ce château moyenâgeux de Belgique, dans le Brabant flamand, vont éviter qu’il ne continue à s’enfoncer.

Le château de Horst dans le Brabant flamand en Belgique. © Lucid Herita / Kasteel Horst
Le château de Horst dans le Brabant flamand en Belgique.
© Lucid Herita / Kasteel Horst

Holsbeek (Belgique). C’est l’un des plus beaux châteaux médiévaux de Belgique. Situé dans les bocages verdoyants du Hageland dans le Brabant flamand (à une vingtaine de kilomètres de Louvain), le château de Horst est entouré de douves et doit sa couleur verdâtre à la glauconite, une pierre argileuse avec laquelle il est en partie bâti. Son histoire remonte au XIIIe siècle, son premier propriétaire était alors Jean de Horst.

Ce château à vocation défensive a connu une importante transformation au XVe siècle pour évoluer vers un château d’apparat et de résidence. C’est de cette époque que datent la porte d’entrée et la tour carrée qui donnent à l’édifice actuel une grande partie de son cachet. Les autres éléments sont les témoins des transformations menées au XVIIe siècle par la châtelaine Maria Anna van den Tympel. C’est à elle également que l’on doit la construction de la chapelle et des somptueuses salles de réception dotées de plafonds en stuc dus à Jan Christian Hansche. Le château devint alors une résidence d’agrément et de chasse pour la noblesse de Louvain et traversa les siècles sans autre transformation notable. Pour les amoureux du neuvième art, il est à noter aussi que Willy Vandersteen, créateur de la série « Bob et Bobette », a fait du château de Horst le lieu de résidence de son personnage le Chevalier rouge.

Un défaut de stabilité datant déjà du XVIe siècle

Propriétaire du château depuis 2007, la Région flamande a entamé une importante rénovation structurelle pour remédier à un défaut de stabilité menaçant certaines parties du château. Des problèmes qui ne sont pas récents à vrai dire, car le château, construit sur un sous-sol argileux, ne dispose pas de fondations suffisamment profondes. Des sondages archéologiques ont révélé que certaines des parties bâties à la Renaissance sont plus solides car elles s’enfoncent de cinq mètres dans le sol, tandis que les parties plus anciennes, comme la tour ronde et une aile du château, peinent à atteindre les couches les plus stables. Comme le sol présente une forte pente vers l’étang, c’est toute la structure qui s’affaisse lentement. On a pu ainsi mesurer que la tour ronde s’affaisse de deux millimètres par an.

Déjà, dans des sources du XVIe siècle, il était fait mention de « problèmes » concernant la tour et d’un tailleur de pierre engagé pour soixante et onze jours de travaux pour y remédier. Les mêmes sources indiquent que 51 500 briques ont été fournies par une briqueterie toute proche pour rénover la tour. Les fouilles ont aussi montré que, lors de ses travaux de transformation effectués au XVIIe siècle, Maria Anna van den Tympel avait cherché à renforcer les fondations de certaines parties de l’édifice.

En 2017, l’une des deux latrines extérieures, celle attachée à la tour ronde, s’est effondrée dans les douves rongées par l’humidité. L’autre a été démontée par précaution.

Pour stabiliser durablement le château, l’option choisie est celle qui est la moins invasive. Les parties les plus menacées – la tour ronde, la chapelle et le pont – seront soutenues par des pieux fabriqués sur place. Une technique qui transpose une méthode de fondation utilisée depuis l’Antiquité en recourant ici à des matériaux imputrescibles. Les travaux commencent par un carottage effectué à une profondeur de 7 à 8 mètres sur un diamètre de 60 cm. Dans l’espace libéré est injecté un mélange d’eau, de ciment et d’air comprimé. Après trois jours, ce mélange aura atteint 80 % de solidité, et, après vingt-huit jours, les piliers auront acquis leur résistance maximale et définitive. Dans le même temps, la tour ronde sera hissée dans une sorte de « corset », puis attachée à l’aile du château et tirée vers celle-ci.

Après la stabilisation viendra, cette année, la rénovation des façades extérieures, de la peinture des murs intérieurs, des plafonds décorés de stucs dans les salles d’apparat et de la menuiserie.

Réaménagement du parc paysager

La restauration patrimoniale ne s’arrête pas au bâti, elle devrait aussi concerner le paysage, lequel suscite aujourd’hui plus d’attention. Si, à partir du XVIIe siècle, le château de Horst était un lieu de promenade pour la noblesse des environs, son parc n’avait pas pour autant fait l’objet d’un aménagement structuré. Les allées bordées d’arbres et la pièce d’eau visibles aujourd’hui ont connu peu de modifications depuis trois cents ans. Toutefois, l’étang a été créé dans les années 1930 à partir de cinq anciens réservoirs à poisson. Sous l’Ancien Régime le poisson était en effet très consommé. La viande étant interdite pendant les périodes de jeûne, la population qui en avait les moyens consommait beaucoup de poisson. Depuis le XIXe siècle, le paysage entourant le château se compose de pâturages et de tilleuls. Pour retrouver cette configuration, le plan prévoit d’abattre les peupliers plantés dans les années 1960. S’est aussi posée la question de la réhabilitation des vergers historiques, ceci tout en veillant à maintenir une belle visibilité du château. La science du paysage est décidément une question d’équilibre.

L’ensemble des travaux de restauration devrait durer jusqu’au premier semestre 2026. Leur coût est évalué à 9 millions d’euros dont 6 millions sont destinés aux travaux de stabilité.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°625 du 19 janvier 2024, avec le titre suivant : Le château de Horst sur la voie de la stabilité

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque