Collection

EXPOSITION

La collection Torlonia va enfin sortir de l’ombre

Par Olivier Tosseri, correspondant en Italie · Le Journal des Arts

Le 14 novembre 2019 - 514 mots

ROME / ITALIE

Les plus belles pièces de cet ensemble unique de marbres antiques caché depuis cinquante ans seront exposées l’an prochain au Palazzo Caffarelli.

Rome. Voilà près de cinquante ans que l’on entendait parler de cette collection que personne ou presque n’avait pu voir, mais cette longue parenthèse sera bientôt refermée. Du 25 mars 2020 au 10 janvier 2021 se tiendra en effet au Palazzo Caffarelli, au sein des Musées capitolins à Rome, l’exposition « Les Marbres des Torlonia », avec 96 statues sur les 623 qui composent la plus importante collection privée de statues et bustes antiques au monde.

La sélection a été confiée aux éminents archéologues et historiens de l’art Carlo Gasparri et Salvatore Settis. « Elle ne raconte pas l’histoire d’une collection romaine, explique ce dernier, mais celle de l’envie de collectionner en général. » Celle d’une famille de l’aristocratie romaine d’origine française qui fait fortune à la fin du XVIIIe siècle et au XIXe siècle dans le négoce de tissus puis dans la finance. Les Torlonia y gagnent le surnom de « Rotschild romains » et un titre princier octroyé par le Vatican, dont ils sont les banquiers. Ils constituent une formidable collection d’art grâce aux objets déposés en garantie par de nobles clients désargentés en échange de prêts, mais aussi grâce aux campagnes de fouilles menées sur leurs terres du Latium. En 1875, un Musée Torlonia ouvre dans l’un des palais de la famille, et en 1881 leur collection est l’une des toutes premières à faire l’objet d’un catalogue photographique détaillé.

Mais dans les années 1970, le prince Alessandro Torlonia effectue une opération de spéculation immobilière et découpe l’ensemble du bâtiment en une centaine d’appartements de luxe. Les sculptures sont alors installées dans de grandes réserves au rez-de-chaussée, où elles dormiront pendant plus de quarante ans. En 2014, une Fondation Torlonia est enfin créée pour les restituer aux regards du public, et en 2016 un accord est signé avec le ministère de la Culture. Mais l’inventaire du patrimoine de la famille après le décès du patriarche Alessandro en 2017 et les luttes entre ses héritiers ont ralenti encore l’organisation de cette exposition.

Les sculptures ont été entretemps restaurées par l’équipe d’Anna Maria Carruba, celle qui avait notamment rendu tout son lustre à La Louve du Capitole. Chaque pièce a en outre fait l’objet d’une documentation scientifique détaillée. Une opération rendue possible grâce au financement record de la maison de joaillerie de luxe Bulgari. Si le montant n’a pas été précisé, ses dirigeants laissent entendre qu’il est supérieur au 1,5 million d’euros versé en 2014 pour restaurer l’es­calier monumental menant de la place d’Espagne à l’église française de la Trinité-des-Monts, à Rome.

« Cette exposition sera un événement international, les plus grands musées du monde nous la réclament », se félicite le ministre de la Culture Dario Franceschini – les noms du Louvre et du British Museum sont d’ailleurs les plus cités. L’objectif sera ensuite de trouver un lieu d’exposition permanent,un Musée Torlonia qui rende accessible à tous et pour toujours ce patrimoine de l’humanité. Nous sommes en train de chercher un édifice public avec la municipalité et la famille. »

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°532 du 1 novembre 2019, avec le titre suivant : La collection Torlonia va enfin sortir de l’ombre

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