Église

Grenoble, quel avenir pour la chapelle des Pénitents blancs ?

Par Marion Krauze · lejournaldesarts.fr

Le 12 décembre 2023 - 570 mots

GRENOBLE

Plusieurs associations s’inquiètent des décisions municipales concernant cet édifice et le patrimoine historique en général.

Autel et retable de la chapelle des Pénitents blancs à Grenoble. © Jean-Paul Corlin, 2022, CC BY-SA 4.0
Autel et retable de la chapelle des Pénitents blancs à Grenoble.

Dans une tribune commune datée du 6 novembre 2023, Gilles-Marie Moreau, président de l’Académie delphinale, et Ingrid Caillet-Rousset, présidente de la Fédération des associations patrimoniales de l’Isère (Fapi), alertent les pouvoirs publics sur la dégradation du patrimoine historique de Grenoble. Qualifiant la situation d’« état d’urgence patrimonial » qui s’aggrave d’année en année, ils appellent la municipalité à réagir en conséquence.

La tribune fait suite à l’intégration récente de la chapelle des Pénitents blancs dans le programme Gren’ de projets. Lancé en 2018 par la ville de Grenoble, ce programme vise à valoriser certains bâtiments patrimoniaux insuffisamment exploités en les rénovant et en leur conférant de nouveaux usages. La transformation de ces édifices, proposés à la vente ou en bail de longue durée par la mairie, se fait entièrement aux frais des acquéreurs. Parmi les six projets proposés à l’origine, quatre avaient été retenus et seul celui du couvent des Minimes est pour l’instant achevé, désormais transformé en espace de coworking muni d’un bar et d’une cantine. Les travaux des trois autres sites (la Villa Clément, la Grande Orangerie et le Pavillon sud de la caserne de Bonne) devraient débuter en 2024.

En lançant un cinquième appel à projets portant sur la réhabilitation de la chapelle des Pénitents blancs, la municipalité s’attire les critiques des deux associations. Edifié en 1657 et classé « Site patrimonial remarquable », ce bâtiment de 880 m² est un lieu unique en Isère puisque c’est la seule chapelle de pénitents conservée dans la région avec sa façade et son aménagement intérieur. Également nommée chapelle Voltaire, elle était occupée par une confrérie de pénitents venant en aide aux prisonniers, aux pauvres et aux malades. L’ensemble de l’édifice, qui comprend la chapelle et des locaux avec logements et bureaux, appartient depuis 1914 à la ville de Grenoble, qui l’avait ensuite loué à l’association diocésaine. Cette dernière la désacralise en 2020, en raison de son coût d’entretien trop élevé.

Éclairée par une verrière au plafond, la grande salle intérieure abrite un mobilier en partie classé au titre des Monuments Historiques. C’est le cas du retable, du maître-autel et des deux grandes stalles en bois qui l’encadrent. Mais malgré la beauté et la richesse de l’ensemble, la chapelle est en mauvais état. Certaines parties sont complètement délabrées, notamment au niveau des étages et sous le toit. D’importants travaux de rénovation sont donc à prévoir par le futur acquéreur de la chapelle, ce qui risque d’occasionner des difficultés de financement.

Les associations s’inquiètent des conséquences que cela causerait sur la réhabilitation du monument. Selon Gilles-Marie Moreau, « ce serait une faute très grave de la faire disparaître. Elle peut être réutilisée, mais il faut une réflexion concertée sur son réemploi. Il ne faut pas qu’elle soit vendue, il faut qu’elle soit reprise sous bail par quelqu’un qui la rénove et qui la mette en valeur, mais en concertation avec les associations patrimoniales ».

Les dirigeants de l’Académie delphinale et de la Fapi insistent aussi sur la nécessité de nommer un élu en charge du patrimoine historique de la ville. Malgré son label de « Ville d’art et d’histoire », Grenoble n’a plus d’élu dans ce domaine depuis 2022. Les deux associations réclament également une rencontre avec le maire de la ville, Eric Piolle, pour qu’un plan de sauvetage du patrimoine grenoblois puisse être établi de concert et sur le long terme.

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