Musée

Au Bourget, une grande galerie pour les débuts de l’aviation

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 14 décembre 2019 - 776 mots

LE BOURGET

Les débuts de l’aviation se découvrent à nouveau au Musée de l’air et de l’espace, tandis que toute la zone aéroportuaire va être requalifiée d’ici les JO de 2024.

Avion Maurice Farman MF 7 construit en 1913 et présenté dans la grande galerie rénovée du Musée de l'air et de l'espace. © Axel Ruhomaully, 2019.
Avion Maurice Farman MF 7 construit en 1913 et présenté dans la grande galerie rénovée du Musée de l'air et de l'espace.
© Axel Ruhomaully, 2019.

Pour célébrer son centenaire, le Musée de l’air et de l’espace s’offre in extremis une inauguration d’envergure. Le 14 décembre, la grande galerie, ancienne aérogare du Bourget, rouvre ses portes après plusieurs années de fermeture au public.

En 2013, la salle des Huit-Colonnes, hall central permettant l’accès au tarmac et au Salon international de l’aéronautique et de l’espace organisé tous les deux ans, avait été réhabilitée en premier (lire le JdA no 383, 18 janvier 2013). Six ans plus tard, la grande galerie qui ceint de part en part ce hall d’accueil rouvre au public, dans son écrin Art déco entièrement restauré. Voûtes de béton et verrières occultées par un velum opaque, muséographie encombrée de cloisons et de passerelles : l’édifice conçu au milieu des années 1930 par l’architecte Georges Labro était devenu au fil des ans illisible.

Une scénographie très fine

Déshabillée des scories du temps, la grande galerie retrouve ses proportions monumentales, soit 4 000 mètres carrés filant sur 233 m de long et 40 m de large sous 12 m de hauteur sous plafond. Depuis les coursives rétablies au premier étage, le visiteur peut contempler les perspectives dégagées, les tons clairs et les lignes pures : le travail de l’Atelier Gorka Piqueras Architecte et associés a permis de retrouver le style Art déco du bâtiment originel. La tour de contrôle a été restaurée dans son état de 1953 et sera ouverte aux visiteurs par petits groupes, en attendant 2022 et une exposition permanente sur le contrôle aérien.

Le visiteur pénètre à nouveau dans le musée par la salle des Huit-Colonnes, accueilli par les panneaux « Arrivées » et « Départs » en lettres Art déco, invitation littérale au voyage. L’aile nord de la galerie est consacrée aux « Pionniers de l’air » tandis que dans l’aile sud se déploie l’aéronautique de « La Grande Guerre ». À droite, la légèreté des toiles, l’enthousiasme des exploits et des premiers records. À gauche, la rudesse du métal et le courage des as. L’agence Scenografia a conçu la muséographie de ces deux espaces de manière dissociée, lumineuse et aérienne pour les débuts de l’aérostation et de l’aviation, de manière plus sombre et pointue pour le versant militaire des balbutiements aéronautiques. « Il y a eu un travail très fin entre l’écrin et la collection », confirme Anne-Catherine Robert-Hauglustaine, directrice du Musée de l’air et de l’espace. À son arrivée en janvier 2018, la directrice rédige le projet scientifique et culturel de l’institution accompagné d’un mot d’ordre : « mieux faire ressentir le fait aérien et spatial à nos sociétés ». Dans la galerie, un plus grand nombre d’œuvres, de peintures et de sculptures qu’auparavant viennent enrichir le propos : 407 objets exposés, dont la moitié relèvent des beaux-arts.

Cette nouvelle muséographie résulte surtout d’un chantier des collections hors norme, conduit en majeure partie par les ateliers internes où des ouvriers d’État font équipe avec des restaurateurs agréés. « On arrive à socler des avions ! », lance avec une légitime fierté la directrice : les voûtes restaurées de la galerie ne pouvant plus accueillir d’avions suspendus, il a fallu concevoir des soclages au sol sur mesure pour hisser certains avions en hauteur. Marie-Laure Griffaton, conservatrice en chef et directrice du département scientifique et des collections, passée par le musée du chemin de fer (Cité du train) à Mulhouse et par le Musée portuaire de Dunkerque, a mis son expertise des très grands formats au service de ce chantier aux dimensions exceptionnelles.

Un Bourget métamorphosé en 2024

En juin 2019, le musée a signé un contrat d’objectifs et de performance avec le ministère des Armées lui donnant une feuille de route pour les années 2020-2024. L’année 2024 sera une année charnière avec l’arrivée de la ligne 17 du métro au pied du musée et l’installation du village des médias (logement des journalistes) des Jeux olympiques. Dix-huit opérations d’investissements ont été listées pour une enveloppe de 50 millions d’euros. Au programme : la construction d’un centre de conservation et de restauration d’une surface de 10 000 m2, d’un nouveau planétarium numérique, d’une médiathèque tout public, d’une canopée sur le tarmac. Un restaurant haut de gamme devrait attirer les clients de l’aéroport du Bourget, de la galerie d’art contemporain Gagosian et du centre de conservation d’œuvres d’art de la société de transport André Chenue, prévu pour 2025.

Au cœur de ce Bourget métamorphosé, le Musée de l’air et de l’espace compte bien occuper une place de choix, devenir un « musée de destination » en touchant un public plus international, et parvenir très vite à 500 000 visiteurs par an, son objectif de fréquentation.

Musée de l’air et de l’espace,
Aéroport de Paris-Le Bourget, 3, esplanade de l’Air et de l’Espace, 93350 Le Bourget.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°535 du 13 décembre 2019, avec le titre suivant : Au Bourget, une grande galerie pour les débuts de l’aviation

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