Musée

Arras voudrait créer un véritable musée consacré à Robespierre 

Par Lorraine Lebrun · lejournaldesarts.fr

Le 25 août 2020 - 484 mots

ARRAS

Le maire veut transformer en centre d’interprétation la maison partiellement ouverte au public de cette figure controversée. 

Anonyme, Portrait de Maximilien de Robespierre, 1790 © Musée Carnavalet
Anonyme, Portrait de Maximilien de Robespierre, vers 1790, 60 x 49 cm, huile sur tissu.
© Musée Carnavalet, Paris

Le maire d’Arras (divers centre) souhaiterait consacrer un musée à Maximilien de Robespierre, qui prendrait place dans la maison que le révolutionnaire occupa entre 1787 et 1789, avant son départ pour les Etats généraux de Versailles. Selon Libération qui rapporte l’information, le coût est estimé à 800 000 euros, financé en partie par la Ville entre 200 000 et 300 000 euros. La décision devrait être votée par le conseil municipal en février, pour une ouverture en 2026.

L’édile a réagi sur Twitter, confirmant que le projet était en cours de réflexion. « Nous y travaillons collectivement avec raison et intelligence. » 

Mais il est de ces figures historiques dont l’héritage est complexe. Robespierre est indéniablement de celles-là. Arras, sa ville natale, chemine sur une ligne de crête exiguë comme cela est souvent le cas lorsqu’il s’agit de traiter la mémoire d’une personnalité aussi controversée. Pour certains, comme l’ancien adjoint au patrimoine cité par Libération, il est inenvisageable de consacrer un musée à « cet artisan de la Terreur », car cela reviendrait à en faire la promotion. Pour d’autres, cela relève d’un travail d’histoire, visant à expliquer et peut-être nuancer le portrait qui en est couramment fait. « Nous aborderons autant la légende noire que la légende dorée », promet l’actuel directeur du patrimoine à la Ville d’Arras.

Le « musée » prendrait la forme d’un centre d’interprétation, agrémenté de quelques objets tels que des lettres manuscrites, des médailles ou encore des boutons de veste. Il serait surtout constitué de dispositifs multimédias. Le discours serait élaboré sous la houlette d’un comité scientifique dirigé par Gérard Barbier, président de l'Université pour tous de l'Artois et compterait dans ses rangs deux historiens spécialistes de la Révolution Française, Guillaume Mazeau et Hervé Leuwers.

C’est un enjeu historique mais aussi touristique pour la ville. L’enfant terrible de la Révolution est en effet connu bien au-delà des frontières nationales. Or la situation actuelle de la maison de Robespierre est loin d’être satisfaisante : après avoir été longtemps abandonnée, la demeure a ouvert ses portes à la visite en 2017 mais sans véritable parcours. Les commentaires des visiteurs sur Tripadvisor témoignent d’une expérience de visite peu appréciable, décontextualisée et des horaires très réduits.

Maison de Maximilien de Robespierre à Arras. © Photo Jamain, 2019
Maison de Maximilien de Robespierre à Arras.
© Photo Jamain, 2019

L’association des Amis de Robespierre milite et pétitionne depuis 2012 pour que la maison Robespierre accueille un musée digne de ce nom et portant le label « Maison des Illustres ». Non loin de là, à Blérancourt, la maison d’un autre révolutionnaire, Louis Antoine de Saint-Just, a justement obtenu ce label en 2017.

A Arras, l’annonce s’est faite alors que la Ville a lancé un autre chantier d’envergure, avec le réaménagement de l’abbaye Saint-Vaast qui accueille déjà le Musée des Beaux-Arts et la bibliothèque municipale et bientôt un hôtel de luxe, ce qui n’est pas sans provoquer des remous. 
 

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