Mircea Cantor, quelque chose de Fluxus

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 23 septembre 2009 - 346 mots

Polymorphe, l’œuvre de Mircea Cantor exploite tous les moyens d’expression : peinture, installation, photographie, vidéo, texte, etc.

D’origine roumaine, né en 1977, il est l’un des artistes le plus en vue de la scène internationale depuis qu’il a été remarqué à la Biennale de Venise en 2003 dans l’exposition « Clandestini ». Témoin attentif et critique de la société et de tous ses débordements, il développe une œuvre engagée en toute liberté de gestes et de paroles, soucieux de se tenir à distance de toute idéologie. Chacun de ses actes opère de façon manifeste, comme il en était au printemps dernier de sa participation à la Force de l’Art 02 avec un monumental portail en bois doré à la feuille. Reprise d’une forme propre à sa culture qui signale l’entrée des habitations dans la région des Maramures, cette porte dont il a transformé le motif de l’arbre de vie en celui de l’ADN génétique visait à établir un pont entre deux mondes. Entre Est et Ouest, entre ruralité et modernité. Un principe récurrent d’opposition gouverne la démarche de Cantor, qu’il s’agisse de mettre en exergue tant des différences entre le politique et le culturel qu’entre l’individuel et le collectif ou l’image et la matière. À une esthétique souvent impeccable, l’artiste oppose volontiers des propositions misérabilistes. Ce faisant, il réfute toute idée d’un monde univoque et banalisé et participe à instruire de nouvelles manières d’appréhender le réel. Son art relève d’une volonté de dessiller notre regard pour l’ouvrir sur d’autres possibles. Invité du Kunsthaus de Zürich, Mircea Cantor présente un ensemble de travaux qui s’offrent à voir comme un florilège de ses différentes manières. Ses photos, ses textes, ses objets, ses vidéos y sont à considérer au cœur d’un dispositif qui s’applique à mettre en scène une réalité en mutation constante. Il y a quelque chose dans sa démarche et dans toutes les questions sociétales qu’elle soulève qui fait songer à Fluxus, mais un Fluxus plus analytique, voire prospectif, que destructeur.

« Mircea Cantor. Tracking Happiness », Kunsthaus, Heimplatz 1, Zürich (Suisse), www.kunsthaus.ch, jusqu’au 8 novembre 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°617 du 1 octobre 2009, avec le titre suivant : Mircea Cantor, quelque chose de Fluxus

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