Les primitifs italiens, trésor d’Altenbourg

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 23 mars 2009 - 340 mots

« J’ai eu un choc ». C’est ainsi que Nicolas Sainte Fare Garnot, le directeur du musée Jacquemart-André décrit sa découverte de la collection du musée allemand d’Altenbourg.

« Je n’imaginais pas découvrir de tels chefs-d’œuvre. La collection a été longtemps ignorée pour des raisons politiques. Elle est aussi méconnue à cause de sa situation géographique hors des circuits touristiques qui mènent les visiteurs à Dresde, mais non dans ses environs. C’est pourtant un véritable trésor, qui compte plus de deux cents panneaux peints en Italie entre la fin du xiiie siècle et le milieu du XVe siècle ».

Constituée au début du XIXe par le baron allemand Bernard von Lindenau (1779-1854), homme politique amateur d’art et grand philanthrope, cette étonnante collection de tableaux primitifs italiens est pourtant considérée comme l’une des plus importantes en Europe. Cinquante de ces œuvres, réalisées par les plus grands maîtres de la pré-Renaissance et de la première Renaissance italienne, sont présentées au public.

Outre l’intérêt de mettre en lumière quelques-uns des principaux courants esthétiques de cette période (styles byzantin, gothique, renaissant et moderne), l’exposition est l’occasion d’une confrontation entre deux écoles majeures. L’école de Sienne (1280-1470) représentée notamment par Lippo Memmi, Pietro Lorenzetti et Sano di Pietro ; et l’école florentine (1340-1430) avec Fra Angelico, Lorenzo Monaco et Filippo Lippi.

On assiste ainsi, face à ces panneaux de bois sublimes recouverts d’or et de lumière, à l’évolution d’une sensibilité, l’avènement de la Renaissance, qui va d’une représentation symbolique et iconique de la Vierge (Vierge en majesté, par Deodato di Orlando vers 1290-1300) à celle d’une Vierge bien plus émouvante, gracieuse et humaine, telle que la peint Lippo Memmi dans un magnifique tableau, Vierge à l’Enfant, vers 1320-1322. Sublimes aussi, les polyptyques exceptionnellement reconstitués de Fra Angelico (grâce à des prêts de musées étrangers) témoignent de toute la poésie et de l’élégance de cette peinture. On en sort ébloui.

A voir

« De Sienne à Florence : les primitifs italiens. La collection d’Altenbourg », musée Jacquemart-André, 158, boulevard Haussmann, Paris VIIIe, www.musee-jacquemart-andre.com, jusqu’au 21 juin 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°612 du 1 avril 2009, avec le titre suivant : Les primitifs italiens, trésor d’Altenbourg

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