Philippe Honoré, une autre tradition du dessin de presse

Par Florence Dauly · L'ŒIL

Le 13 février 2015 - 254 mots

Dans le paysage de la caricature, Philippe Honoré, assassiné le 7 janvier, fait figure à part, avec son style qui se rapproche de la gravure sur bois, technique ancienne revenue au goût du jour au XIXe siècle.

Ses dessins en noir et blanc sont précis et minutieux, dans la veine de Gustave Doré et de Félix Vallotton qu’il admirait, à l’image des albums réalisés par Doré, comme Les Travaux d’Hercule (1847) ou L’Histoire de la sainte Russie (1854). Comme Vallotton, Philippe Honoré est rigoureux dans l’organisation de ses décors. Selon sa fille, Hélène Honoré, le dessinateur de Charlie Hebdo, de Lire – pour lequel il réalisait des rébus – et du Petit Larousse se documentait beaucoup afin d’être le plus réaliste et le plus efficace possible. La technique est minutieuse : Honoré réalise d’abord son image au crayon à papier, puis il la reprend à l’encre de Chine et à la plume avec un pinceau pour les aplats. Comme certaines gravures de Félix Vallotton publiées dans L’Assiette au beurre, son trait est noir, épais avec de grandes zones en réserve. Dans ses premiers dessins, Honoré utilise des hachures qui envahissent l’image pour créer des ombres. Mais, au fur et à mesure, son style se simplifie au profit de zones noires plus affirmées. La couleur est introduite parfois en petites touches, notamment dans un dessin montrant Nicolas Sarkozy habillé en Borat. Car Philippe Honoré était aussi à l’aise dans la caricature politique qu’artistique, et c’est en observant son travail que l’on comprend l’importance du détail.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°677 du 1 mars 2015, avec le titre suivant : Philippe Honoré, une autre tradition du dessin de presse

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