Italie - Street art

Mécontent d’une exposition de street art, l’artiste Blu détruit toutes ses œuvres à Bologne

Par Nathalie Eggs · lejournaldesarts.fr

Le 16 mars 2016 - 387 mots

BOLOGNE / ITALIE

BOLOGNE (ITALIE) [16.03.16] – Le street artiste italien Blu a vivement réagi contre une exposition de street art qui ouvre ses portes le 18 mars au Palazzo Pepoli à Bologne. Il a effacé toutes ses œuvres de la ville pour protester contre l’institutionnalisation du street art et l’appropriation qu’il juge contestable des œuvres.

Dans la nuit du 11 au 12 mars, l’artiste de rue italien Blu a effacé les œuvres qu’il avait réalisées ces vingt dernières années dans les rues de Bologne en les recouvrant de peinture grise, relate  artnet. Il dénonce l’exposition « Street art - Banksy & co. L’arte allo stato urbano » qui aura lieu entre le 18 mars et le 26 juin prochain au Palazzo Pepoli à Bologne. L’exposition réunit 250 œuvres déplacées de leur lieu d’origine, parmi lesquelles figurent quelques unes des siennes. D’après un communiqué du Palazzo Pepoli, les fresques qui seront exposées ont été retirées de la rue afin de les « épargner de toute démolition et de les préserver contre les aléas du temps ».

Un point de vue qui n’est pas partagé par Blu. Dans une lettre ouverte publiée sur le site du collectif d’écrivains italien Wu Ming, l’artiste fustige l’hypocrisie et la dénaturation que subit le street art. « Cette exposition va enjoliver et légitimer l’enlèvement d’œuvres dans la rue, ce qui aura pour unique finalité de satisfaire des collectionneurs et marchands peu scrupuleux » a t-il indiqué.

De nature subversive, illégale et éphémère, le street art attise les convoitises et est depuis quelques années en prise aux « détachements » pour passer de la rue aux salles de ventes. Banksy en a fait plusieurs fois les frais. « Après avoir criminalisé et qualifié le graffiti d’acte de vandalisme, après avoir opprimé la sub-culture, après avoir fait évacuer les lieux qui servaient de laboratoires pour les street artistes, les politiques de Bologne se positionnent maintenant comme des salvateurs du street art » a ajouté Blu.

L’exposition est organisée par la Fondazione Carisbo, la fondation d’une banque locale, et par son ancien président Fabio Roversi Monaco, actuel président de l’Accademia di Belle Arti. Or, d’après Blu, « le nom de Roversi Monaco évoque pouvoir, argent, politique … et toutes les répressions qui en découlent ».

Blu avait déjà agi de la sorte en décembre 2014 en préférant supprimer son emblématique fresque berlinoise face au projet d’un investisseur munichois qui la menaçait.

Légende photo

L'artiste Blu en train d'effacer l'une de ses fresques murales à Bologne, Italie © Photo Blu / Courtesy Wu Ming Foundation

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