Orfèvrerie

Vous avez dit Orloff ?

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 3 décembre 2004 - 706 mots

Des pièces du service impérial de Catherine II de Russie sont proposées par Christie’s.

 PARIS - L’orfèvrerie ancienne débarque en force en décembre à Paris. À la traditionnelle vente de prestige chez Sotheby’s programmée le 15 décembre, une collection particulière française fera l’objet d’une vente le 10 décembre à Drouot par la SVV Beaussant-Lefèvre, fait rare puisque, selon l’expert Philippe Serret, on n’avait pas vu un tel ensemble, « plus de soixante-dix pièces d’exception en mains privées », sur le marché parisien depuis une dizaine d’années. Mais avec seulement quatre lots d’argenterie issus de la collection d’un grand amateur européen composée de meubles, tableaux et objets d’art, Christie’s leur volent la vedette le 14 décembre. Entre trois cuillères à ragoût en vermeil et une cuillère à moelle en argent accessibles à un large public pour 300 euros, plusieurs pièces du célèbre service « Orloff » commandé par Catherine II de Russie sont offerts aux plus fortunés. En point d’orgue, une paire de cloches (couvre-plats) par l’orfèvre français Roettiers et leur présentoir russe, estimés 100 000 à 150 000 euros, dont seulement trois autres paires se sont vendues aux enchères depuis trente-trois ans. Quant aux soixante assiettes rescapées d’une production originale qui en comptait 576 (46 assiettes sont répertoriées au Musée de l’Ermitage, 123 au Kremlin et 230 dans des collections privées), elles sont estimées en quatre lots de 20 000 à 60 000 euros les douze et de 25 000 jusqu’à 80 000 euros les dix-huit en fonction de la présence ou non d’armoiries impériales russes. Bien que postérieures au règne de l’impératrice, ces armoiries gravées sur la moitié des lots ajoutent toujours une plus-value.

Ménagères à saisir
Les estimations restent toutefois indicatives car les lots, comme l’ensemble de la vente, sont proposés sans prix de réserve, un argument de vente qui a fait ses preuves. L’histoire de ce service de table en argent destiné à l’usage personnel de Catherine II n’en est pas moins appétissante : « Elle l’offrit en cadeau à son amant le comte Gregory Orloff, précise la spécialiste Marine de Cenival. À sa mort, pour le récupérer, elle est contrainte de le racheter aux descendants. Ce service fait saliver de grands amateurs du monde entier, et pas que les russes.»
On retiendra par ailleurs chez Sotheby’s une épée à poignée en vermeil aux grandes armes de France réalisée vers 1730 par Thomas Germain, le plus grand orfèvre de son époque, estimée 100 000-150 000 euros. « C’est une première dans une vente d’orfèvrerie mais c’est un chef-d’œuvre de ciselure, de style rocaille, qui n’aurait pas sa place dans une vente d’armes, justifie l’expert Thierry de Lachaise. De plus, on peut retracer tout l’historique de cet objet royal. » Un rare ensemble de quatre salières doubles et de deux simples finement ouvragées, réalisées par Biennais, orfèvre de l’empereur, et gravées aux armes du baron de Vincent, n’a pas non plus volé son estimation de 50 000-80 000 euros. Une bonne surprise viendra peut-être d’une belle aiguière et son basson en vermeil réalisé à Saint-Pétersbourg en 1826 par Johannes Wilhlem Keibel, estimé 60 000-80 000 euros l’ensemble pour lequel il est précisé une provenance royale italienne. Citons encore une très ancienne coupe bretonne en argent et vermeil datant d’avant 1540, une pièce de musée estimée autour de 60 000 euros. Tandis qu’à Drouot présidera une théière en argent vers 1740 présentant un rare manche en bois noirci sculpté en haut relief d’un négrillon, un très beau travail de Le Gaigneur, orfèvre à Saint-Omer (Pas-de-calais), estimé autour de 50 000 euros. Sans compter tous les services très classiques de ménagères et de vaisselles en argent à saisir dans toutes les ventes, leurs prix en baisse défiant toute concurrence, y compris celle du métal argenté neuf.

- BELLE COLLECTION D’ORFÈVRERIE, vente le 10 décembre à Drouot-Richelieu, 9, rue Drouot, 75009 Paris, SVV Beaussant- Lefèvre, expert : Philippe Serret, tél. 01 47 70 89 82 - COLLECTION D’UN GRAND AMATEUR EUROPÉEN ET IMPORTANT MOBILIER, OBJETS D’ART, ORFÈVRERIE ET CÉRAMIQUES EUROPÉENNES, ventes le 14 décembre, Christie’s, 9, av. Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com - IMPORTANTE ORFÈVRERIE EUROPÉENNE, vente le 15 décembre, Sotheby’s, 76, rue Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°204 du 3 décembre 2004, avec le titre suivant : Vous avez dit Orloff ?

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