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Vinci et Michel-Ange, dessins d’exception

L'ŒIL

Le 1 juillet 2001 - 592 mots

Stupéfiant, mais vrai. Au même moment chez Sotheby’s vient de surgir une Femme drapée éplorée de Michel-Ange et chez Christie’s un Cheval et cavalier  de Léonard de Vinci. Deux œuvres magistrales dont le pedigree est irréfutable. Coïncidence supplémentaire : tous deux ont appartenu, au XVIIIe siècle, au célèbre collectionneur Jonathan Richardson. L’histoire du Michel-Ange tient du roman. Inconnu, jamais répertorié, il est découvert par l’expert maison, Julien Stock, dans la bibliothèque d’Howard Castle dans le Yorkshire. L’œuvre a perdu son identité, mais Julien Stock n’a pas une minute d’hésitation. Personne aujourd’hui n’élève le moindre doute sur l’authenticité de la femme drapée. Quand ce dessin est-il entré à Howard Castle ? Il ne figure sur aucun des inventaires de la maison. Selon l’expert, il aurait été acquis par Henry Howard, 4e comte de Carlisle à la vente Richardson en 1747. Exécutée dans les années 1490, cette plume rehaussée de blanc avec des hachures en croisillons caractéristiques, reproduit sans doute une figure d’une fresque d’un grand maître du Trecento ou du Quattrocento, Giotto ou Masaccio. Le Musée d’Edimbourg avait projeté de l’acheter, mais n’a pu réunir les fonds. La voilà donc aujourd’hui sur le marché, assortie d’une estimation de 6 à 8 millions £, parfaitement logique si l’on en juge par la dernière enchère d’un dessin de Michel-Ange : 8,144 millions £ pour La Résurrection du Christ  (Christie’s Londres, 4 juillet 2000). Le dessin de Vinci, Cheval et cavalier, sort de la collection Brown, riche famille américaine d’érudits amateurs d’art depuis le XVIIIe. Acquis en 1928 par John Nicholas Brown, le dessin est resté aux Etats-Unis depuis lors. Il est mis en vente aujourd’hui par son fils J. Carter Brown, ancien directeur de la National Gallery de Washington. Selon Noël Annesley, directeur international du département chez Christie’s, « c’est le dessin du maître de la Renaissance le plus remarquable jamais vendu aux enchères depuis les années 30 ». Cette pointe d’argent, assez petite, datant des années 1480, est une des études préparatoires pour L’Adoration des Mages, aujourd’hui aux Offices à Florence. Il sera proposé à 3,5 millions £ à rapprocher des 3,630 millions $ atteint par la feuille d’études de la collection Gaines vendue en 1986 (Sotheby’s, New York, 17 novembre). Selon Nicolas Schwed, en charge du département des dessins anciens chez Christie’s à Paris, mieux vaut ne pas tenir compte des 35,5 millions de F obtenus en 1989 (Sotheby’s, Monaco, 1er décembre) pour Personnage agenouillé de la collection Ganay. En effet, plusieurs spécialistes ont, par la suite, émis des réserves sur ce dessin. Ces pièces rares auraient-elles pu être vendues à Paris si le décret d’application de la réforme du marché de l’art avait été promulgé à temps ? Dans l’absolu, pas de problème, « encore faut-il respecter le choix du vendeur qui peut avoir une préférence », fait remarquer Nicolas Joly en charge du département chez Sotheby’s France. « De toute façon, la politique de la maison est claire : des ventes majeures dans le domaine du dessin se tiendront en France », assure-t-il. De fait, le marché y est très actif grâce au travail de l’expert et marchand Bruno de Bayser et au Salon du Dessin. Selon Nicolas Joly, George Goldner, conservateur du département au Metropolitan Museum, croit en l’avenir du marché parisien dans ce créneau. Même son de cloche chez Nicolas Schwed de Christie’s : « La France et les Etats-Unis sont les deux pays qui comptent le plus de collectionneurs. Paris est logiquement appelé à un grand développement », estime-t-il.

- LONDRES, Christie’s, 10 juillet et Sotheby’s, 11 juillet.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°528 du 1 juillet 2001, avec le titre suivant : Vinci et Michel-Ange, dessins d’exception

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