Sotheby’s/Deburaux

Vieux mais neufs !

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 21 octobre 2005 - 485 mots

La vente d’archives textiles anciens, considérées comme « biens neufs », se fera
sous le marteau judiciaire de Me Deburaux avec l’assistance de l’« auctioneer ».

 PARIS - Le 27 octobre chez Sotheby’s, mais sous le ministère de Me Deburaux, seront dispersées des archives textiles produites ou acquises par la maison Braquenié depuis le XVIIe siècle, soit un ensemble d’environ 300 lots de tapisseries, projets gouachés et aquarellés, cartons de tapisseries, garnitures de sièges, tapis et mobilier, proposés à quelques exceptions près sans prix de réserve. Le lot phare est une série complète de douze tableaux, estimés 25 000 à 35 000 euros l’ensemble, figurant l’Allégorie des douze mois de l’année d’après Claude II Audran, Antoine Watteau et Alexandre François Desportes.
La maison Braquenié, fondée au début du XIXe siècle, a créé tapis et étoffes dans les décors les plus prestigieux, comptant parmi ses clients le roi Louis-Philippe, Napoléon III et l’impératrice Eugénie, la famille Rothschild, le Vatican, les cours d’Espagne, d’Italie, de Russie ou encore le sultan Said pacha d’Égypte. En 1991, Braquenié est rachetée par la société Pierre Frey qui lui conserve son âme tout en l’adaptant au XXIe siècle. « Il nous a fallu près de quinze ans pour faire le tri dans toutes les archives relatives à l’histoire de la maison Braquenié, rapporte Vincent Frey, responsable du développement chez Pierre Frey. Aujourd’hui, Braquenié concentre son activité sur les métiers du textile (soieries, imprimés et tissages) et tapis sur mesure. Aussi, nous cédons une partie de la documentation relative à la tapisserie que l’on n’utilise pas. Nous avons fait un appel d’offres et choisi Sotheby’s pour l’importance de son rayonnement aux États-Unis où nous avons beaucoup de clients “Braquenié” actifs. » Sotheby’s enlève donc la mise, mais, très vite, la nature de la marchandise pose problème : s’il s’agit bien de pièces anciennes (du XVIIIe siècle pour plus des deux tiers des lots), elles n’ont jamais changé de main. Le Conseil des ventes volontaires (CVV) confirme : par leur nature, les biens sont considérés comme neufs. La vente ne peut être que judiciaire. Or les deux marteaux diplômés de Sotheby’s, Alain Renner et Stéphanie Denizet, peuvent intervenir seulement dans le cadre des ventes volontaires de Sotheby’s. L’auctioneer revient alors un peu embarrassé vers son client. Finalement, la vente aura bien lieu sous les auspices de Sotheby’s, officiellement reléguée au rang d’expert de la vente. Le vendeur a fait appel au marteau judiciaire de Me Patrick Deburaux, l’un de deux spécialistes des ventes de textiles à Drouot, lequel devient du coup organisateur officiel de la vacation. Enfin, toujours en conformité avec la législation française, les acheteurs vont pouvoir profiter d’un taux légal à l’achat particulièrement bas : 10,764 %.

BRAQUENIÉ, UNE HISTOIRE DU DÉCOR FRANÇAIS

Vente le 27 octobre chez Sotheby’s France, galerie Charpentier, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com, exposition du 24 au 26 octobre 10h-18h.

BRAQUENIÉ

- Expert : Sotheby’s - Frais acheteurs : 10,764 % - Nombre de lots : 377 - Estimation totale : 500 000-700 000 euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°223 du 21 octobre 2005, avec le titre suivant : Vieux mais neufs !

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