Arte Fiera

Vers une réforme douce mais soutenue

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 18 février 2005 - 766 mots

Arte Fiera, la foire d’art moderne et contemporain de Bologne, a franchi une première étape positive vers l’internationalisation.

 BOLOGNE - Du 27 au 31 janvier s’est tenue à Bologne Arte Fiera-Art First, la première foire d’art moderne et contemporain d’Italie. Pour lui redonner un coup de fouet et la sortir de sa dimension trop italienne dans un contexte qui pousse à la concurrence internationale, son président, Luca Cordero di Montezemolo, en a confié il y a deux ans le remodelage à Lorenzo Rudolf, le réformateur de salons en crise et par ailleurs vice-président de l’IFAE (lire p. 5). L’édition 2005 et sa nouvelle configuration ont surpris les exposants. Habitués aux cohues des foires, ils se sont retrouvés bien seuls les deux premiers jours dans les quatre vastes pavillons de 300 stands quadrillés par 9 km de très larges allées. La satisfaction n’est venue qu’avec le week-end, plus couru. Le galeriste parisien Jérôme de Noirmont, exposant et membre du comité de sélection des galeries pour l’Arte Fiera 2005, dresse un premier bilan : « C’est le début d’un grand renouveau pour l’Arte Fiera boostée par l’arrivée de nouvelles galeries d’art internationales, à l’exemple du poids lourd de l’art moderne Krugier, même si d’autres efforts sont encore à faire pour qu’il y en ait encore plus. En outre, l’Arte Fiera présente le même défaut que la FIAC en France : celui de drainer une clientèle quasi exclusivement nationale, à ceci près que les Italiens portent un regard beaucoup plus sérieux et éduqué sur l’art et qu’ils constituent le plus grand marché européen de collectionneurs d’art moderne et contemporain, devant la Belgique et l’Allemagne. »

Sur le bon chemin
Le marchand parisien a pour sa part tiré les bénéfices de cette première expérience bolonaise puisque la vente de photos de Bettina Rheims, de dessins de Basquiat et de sculptures en allumettes de David Mach lui a permis de réaliser un chiffre d’affaires trois fois plus important qu’à la FIAC. « On ne pouvait pas s’attendre à Bâle, mais on a apprécié les efforts pour rendre la foire attractive, note Léonie Moschner, de la galerie franco-autrichienne Thaddaeus Ropac. On a d’ailleurs vu de nombreux collectionneurs italiens qui ne viennent pas à Bâle. » Les acheteurs ont emporté quelques pièces de Donald Baechler, Gilbert & George, Anselm Kiefer ainsi qu’une œuvre de Francesco Clemente mais ont surtout jeté leur dévolu sur la nouvelle série de photos d’Elger Esser montrant des détails de cartes postales anciennes recolorées, à 15 000 et 20 000 euros le tirage. « Pour que la foire de Bologne devienne une foire importante et attire les collectionneurs internationaux, il faut plus de galeries internationales. Arte Fiera est sur le bon chemin. On est partant pour l’an prochain », déclare la galerie.
L’enseigne parisienne Di Meo affirme avoir mieux travaillé que les années précédentes surtout avec les artistes italiens de la nouvelle école romaine, tels Nunzio et Giuseppe Gallo, et les protagonistes de l’Arte povera comme Giulio Paolini et Giuseppe Penone. Patrice Trigano, à cheval sur le moderne et le contemporain, fréquente comme son confrère de la rue des Beaux-Arts la foire italienne depuis une dizaine d’années : « En terme de qualité, cela s’est amélioré, mais il reste de gros efforts de communication à faire. » Outre un petit tableau de Dubuffet des années 1950 vendu rapidement, les accumulations d’objets de l’artiste colombien Federico Uribe, vivant à Miami et représenté par la galerie Annina Nosei à New York, ont séduit les Italiens. Olivier Robert, l’un des deux dirigeants de la galerie Alain Le Gaillard, avait peut-être vu trop grand avec son stand de 100 m2, mais au final, il est plus que rentré dans ses frais grâce au passage de quelques-uns des plus gros collectionneurs italiens. Ces derniers ont acquis deux vidéos du Taïwanais Chieh-Jen Chen à 20 000 et 40 000 euros et plusieurs photos à 8 000 euros du même artiste, qui s’était distingué à la Biennale de Venise 2003. Mais ils ont aussi plébiscité des peintures numériques à 3 000-4 000 euros de Florian Schneider dont le travail n’était pas connu en Italie. La jeune galeriste Magda Danysz, venue avec un one-man show de Miss Van (30 dessins et peintures entre 300 à 7 000 euros), a tout cédé en un week-end à l’exception d’une toile. Mais il lui en faudra plus pour la convaincre de revenir une troisième fois à Bologne. « J’ai programmé de tester six autres foires internationales dans l’année dont l’Artissima de Turin en novembre 2005. Mon choix d’en garder une sur deux dépendra aussi des retombées commerciales en galerie. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°209 du 18 février 2005, avec le titre suivant : Vers une réforme douce mais soutenue

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