Vente d’art premier, l’heure de Vérité

Par Roxana Azimi · L'ŒIL

Le 1 juin 2006 - 389 mots

Si la vente de l’atelier André Breton fut l’événement de 2003, celle de la collection d’art africain des Vérité, les 17 et 18 juin à Drouot, promet un phénomène similaire. Cette dispersion marque aussi le retour aux commandes de Guy Loudmer, ancien commissaire-priseur auquel Drouot doit ses heures de gloire et un de ses plus gros scandales.
Constitué par deux générations de marchands, l’ensemble est sans doute le dernier « historique » en mains privées. L’aventure commence vers 1920 lorsqu’un jeune peintre, Pierre Vérité achète son premier objet d’art africain. Dans les années 1930, il ouvre avec sa femme Suzanne une petite boutique rue Huyghens, puis migre boulevard Raspail. Baptisée la Galerie Carrefour, celle-ci présente aussi bien de l’art primitif que des tableaux modernes. Elle devient le point de ralliement de la Ruche de Montparnasse. Pablo Picasso, mais aussi les collectionneurs Helena Rubinstein et Joseph Mueller comptent bien vite parmi les familiers de la maison. Vers 1948, le fils de Pierre, Claude, intègre la galerie avec son épouse Janine.
Longtemps ces marchands se sont refusés à divulguer leur collection. « Comme modèle de collectionneur, les Vérité seraient plus proches d’un personnage de Balzac que d’un Verrès aux exhibitions tapageuses ; pas de bruit, rien que du feutré », indique l’un des experts de la vente, Pierre Amrouche, en préface du catalogue.
Estimée au bas mot à 15 millions d’euros, la vente brasse 520 lots, dont près de 70 chefs-d’œuvre. Articulée entre le Gabon et la Côte-d’Ivoire, la collection propose aussi 80 pièces d’art océanien. Le clou de la dispersion sera sans doute le masque Ngil Fang estimé autour d’1,5 million d’euros. Autre must, le masque Mukuye Punu (250 000-300 000 euros) peint au kaolin et orné aux tempes et au front de scarifications.
Une cariatide Luba (100 000-150 000 euros) représente l’objet le plus ancien de la vente. Elle fut en effet publiée en 1915 par Carl Einstein, premier auteur à rédiger une étude sur l’art africain. Pour les portefeuilles moins garnis, la vente offre aussi un grand nombre de reliquaires Kota à partir de 30 000 euros et une série d’antilopes entre 8 000 et 12 000 euros.

Vente de la collection Vérité, les 17 et 18 juin, Drouot Richelieu (SVV Enchères Rive Gauche). Expertises : Pierre Amrouche, Alain de Monbrison, Guy Loudmer., tél. 01 42 22 12 51.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°581 du 1 juin 2006, avec le titre suivant : Vente d’art premier, l’heure de Vérité

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