Velours, damas, broderies...

Deux dispersions de textiles à Chantilly et Neuilly

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 19 mars 1999 - 576 mots

Vincent de Muizon et Dominique Le Coënt, commissaires-priseurs à Senlis, n’ont pas ménagé leurs efforts pour assurer la réussite de leur vente d’étoffes anciennes du 27 mars. Ils ont loué pour l’occasion la Salle du Jeu de Paume du château de Chantilly. De son côté, l’étude Aguttes organisera le 15 avril, à Neuilly-sur-Seine, sa première vente entièrement consacrée aux textiles.

CHANTILLY - La vacation réunissant plus de 500 lots qui se tiendra le 27 mars, à Chantilly, constitue le cinquième volet de la dispersion d’une grande collection parisienne. Elle rassemble des velours, damas et brocards de la Renaissance, des soieries lyonnaises des XVIIe et XVIIIe siècles, des toiles imprimées de Jouy, Bolbec, Rouen, Nantes, ainsi que des soieries en réplique et des tapisseries de siège du XVIIe au XIXe siècle de la Savonnerie, des Gobelins, de Beauvais et d’Aubusson. Parmi les pièces maîtresses figurent des fragments de tapis royaux de la Savonnerie. Plusieurs d’entre eux ont été exécutés en 1666 pour la Galerie d’Apollon du Louvre (50-80 000 francs). Le huitième fragment présente un compartiment à fond bleu décoré de soleils couronnés, placés entre deux cornes d’abondance, orné du chiffre du Roy entrelacé d’un sceptre et d’une main de justice. “Les fragments de la Grande Galerie et de la Galerie d’Apollon, conçus par Lebrun, nous permettent d’assister à la genèse du style Louis XIV avant même les grands chantiers de Versailles. S’il apparaît occasionnellement sur le marché des fragments de tapis de la Grande Galerie, les vestiges de la Galerie d’Apollon sont en revanche très rares”, indique l’expert Xavier Petitcol.

Des fragments d’une Savonnerie de la Grande Galerie du Louvre – qui auraient servi pour la fête de la Fédération, le 14 juillet 1790 sur le Champ-de-Mars, et ont échappé aux ventes révolutionnaires – seront également dispersés (200-250 000 francs). Un tapis identique se trouve dans la collection Rothschild à Waddesdon Manor. Également très rare, un velours cramoisi XVIe-XVIIe siècle orné d’un vase à balustre à deux anses garni d’un bouquet de sept fleurs (10-15 000 francs), dont un panneau semblable est conservé au Musée de la mode et du textile. Un ensemble de lampas lyonnais du XIXe siècle constitue l’autre point fort de la vacation. Les derniers résultats enregistrés en vente publique – à Senlis, le 28 mars 1998, le lot 372 a été adjugé 45 000 francs – prouvent que ces étoffes, longtemps ignorées suscitent aujourd’hui l’intérêt des collectionneurs et des institutionnels. Parmi les vingt pièces présentées se trouve un somptueux lampas broché dessiné par Arthur Martin, qui fut à la tête d’un important cabinet de dessin à la fin du XIXe siècle (10-15 000 francs).

Un habit d’époque Louis XVI
Dans les pièces majeures de la vente de vêtements, broderies et étoffes organisée le 15 avril par Me Aguttes, avec le concours de l’expert Aymeric de Villelume, figure un bel habit d’homme à la française datant de l’époque Louis XVI, comportant aussi culotte et gilet, en parfait état de conservation (15-20 000 francs). En taffetas changeant aux couleurs prune, bleu roi et grenat, il est brodé de fils d’argent et paillerons et orné d’un dessin à l’aspect métallique d’entrelacs fleuris.

Aymeric de Villelume présentera en outre une rare broderie de chœur suisse, datée 1604, portant une dédicace aux familles bernoises Wyttenbach et Dhormann (100-150 000 francs). Représentant seize tableaux polychromes de la vie du Christ, la toile est brodée de laine, soie, or et argent au point de couvent, sur fond vert épinard.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°79 du 19 mars 1999, avec le titre suivant : Velours, damas, broderies...

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