Christie’s

Une vente sans réserve

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 10 juin 2005 - 583 mots

La maison a décidé de ne pas mettre de prix de réserve pour les lots de la prestigieuse collection qu’elle disperse le 22 juin.

 PARIS - Vendre des objets sans prix de réserve est le credo de la maison Christie’s. Depuis deux ans, c’est devenu un véritable argument commercial y compris pour des collections entières à haute valeur ajoutée. Forte des résultats de la dispersion du 14 décembre 2004 de la « Collection d’un grand amateur européen » sans prix de réserve (estimée 1,5 million d’euros et vendue 3,4 millions d’euros), la maison de ventes remet ça le 22 juin sous le même intitulé pompeux et passe-partout. Et derrière ce titre évocateur d’un ensemble remarquable d’une famille d’une noble lignée se cache effectivement une collection parisienne prestigieuse. En l’occurrence, il s’agit d’une succession d’objets de très grande qualité d’un « amateur dont la collection a démarré dans les années 1920 [et a couru] jusque dans les années 1950 avec un sens du discernement incroyable », précise l’expert de la vente Adrien Meyer. Le catalogue compte 177 lots de dessins anciens, tableaux, meubles et objets d’art sur une estimation globale de 6 à 8 millions d’euros, un chiffre historique et prometteur pour la salle parisienne (1). « La valeur moyenne des lots est de plus de 30 000 euros », souligne Adrien Meyer. L’audace de l’absence de prix plancher exclut cependant les deux lots phares, « et ce afin de veiller au noyau dur de la collection », dixit l’expert. Il s’agit de deux superbes hérons de grande taille en porcelaine blanche de Meissen réalisés pour le Palais japonais de Dresde vers 1732, ainsi que d’une spectaculaire garniture d’époque Louis XV en porcelaine de Chine bleue du XVIIIe siècle et ornementation de bronzes ciselés et dorés à motifs de dépouille de rhinocéros et d’éléphant provenant des princes russes Narychkine, dont les prix de réserve tournent respectivement autour de 2,5 millions et 600 000 euros (la moitié de la vente en valeur). Le prix des 175 lots restants est laissé à la libre appréciation du public. Mais, à titre indicatif, sont proposées des estimations réalistes correspondant à la valeur des pièces sur le marché : 400 000 euros pour Bords du Loing, effet du matin, une huile sur toile de 1896 signée Sisley ; 220 000 euros pour un dessin de Tiepolo représentant une scène de la vie de Punchinello ; 120 000 euros pour une rare paire de boîtes polylobées du XVIIIe siècle en laque du Japon à monture en or et doublure en vermeil ; 100 000 euros pour un jeu de dames du XVIIIe siècle complet en laque rouge, écaille piquée et trois ors, « l’un des lots les plus beaux de la vente », ou encore 50 000 euros pour un coffret d’époque Louis XV en métal à décor rocaille d’incrustations de nacre teintée (d’après des gravures de Jacques de La Joue) et bronze ciselé et doré. « Des objets rarissimes et désirables pour le marché international », lance Adrien Meyer qui joue là son meilleur atout.

(1) Le record parisien de Christie’s est détenu par la collection Hottinguer des 2-3 décembre 2003, soit 680 lots estimés 7 millions d’euros au plus haut qui ont atteint 9,5 millions alors que tout n’était pas livré sans prix de réserve.

COLLECTION D’UN GRAND AMATEUR EUROPÉEN

Vente le 22 juin à 17 heures, Christie’s, 9, avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85, exposition : les 17, 18, 20 et 21 juin, 10h-18h, www.christies.com

COLLECTION D’UN GRAND AMATEUR EUROPÉEN

- Expert : Adrien Meyer - Nombre de lots : 177 - Estimation totale : 6 à 8 millions d’euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°217 du 10 juin 2005, avec le titre suivant : Une vente sans réserve

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