Une vente d’Avant-garde

La collection de Gildas Fardel est dispersée à Paris

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 19 novembre 1999 - 677 mots

Constituée dans les années d’après-guerre, la collection Gildas Fardel, qui sera dispersée du 1er au 3 décembre par l’étude Leroux-Morel, comprend un important ensemble de peintres de l’École de Paris et des toiles du mouvement de l’Abstraction lyrique cher au collectionneur, notamment des œuvres de Hartung et de Kandinsky. On remarquera aussi plusieurs sculptures importantes de Julio González et des ouvrages de l’Avant-garde.

PARIS - Cadre dans l’industrie pétrolière, né à Vannes en 1906, Gildas Fardel a collectionné dans les années quarante des œuvres figuratives, avant de se tourner, dans les années soixante à soixante-dix, vers l’art abstrait. Il s’installe à Paris au début des années quarante et commence à acquérir des toiles de Dufy, Vlaminck et Vignon. Découvrant l’abstraction grâce au Salon des réalités nouvelles de 1946, il délaisse les figuratifs pour des œuvres de Schneider, Hartung, Magnelli et Soulages. Il a fait don en 1958 au Musée des beaux-arts de Nantesd’une partie de sa collection, comprenant des toiles de Kandinsky et Soulages et des sculptures de Julio González. Gildas Fardel fut l’ami de Roberta González, fille de Julio et seconde épouse du peintre Hans Hartung, ce qui explique qu’il ait rassemblé un grand nombre d’œuvres exécutées tant par le sculpteur que par sa fille.

Parmi les pièces majeures figure Maternité au rectangle, une sculpture de Julio González datant de 1934. Il sera intéressant d’observer, cinq mois après la dispersion chez Christie’s à Londres d’un ensemble d’œuvres de González qui avaient enregistré des enchères exceptionnelles, si la cote ascendante du sculpteur se confirme. Plusieurs pièces avaient alors décuplé leurs estimations, comme Tête de Femme II (1931), adjugée plus de 2 millions de livres sterling, contre une estimation de 200 000 livres, ou L’homme gothique, 1,8 million contre une estimation haute de 150 000 livres. Cette Maternité au rectangle (800 000-1 million de francs), présentée par l’expert André Schoeller, est une pièce unique en bronze achetée par Gildas Fardel directement dans l’atelier du sculpteur. “Elle a été exécutée en 1934, une période phare de la carrière de González, qui a été le premier sculpteur à souder le fer. C’est lui qui a initié Picasso à sa technique”, explique l’expert. De la même veine, Personnage allongé I (500-600 000 francs), exécuté vers 1936, provient de la collection de Roberta González. À noter encore une plaque de cuivre émaillée, Jeune fille allongée, signée et datée de 1936 (150-200 000 francs), mais aussi des dessins de González, comme Tête cubiste (1936), crayons de couleurs et encre de Chine sur papier (100-150 000 francs).

Passionné par le travail des peintres de l’abstraction lyrique, Gildas Fardel a acquis plusieurs œuvres de Hans Hartung. Neuf d’entre elles, datant des années 1946 à 1955, seront mises aux enchères, telles T 1948-31 (400-500 000 francs) et T 1948-30 (400-500 000 francs). Pierre Soulages sera représenté par une huile de 1950, Peinture 81 x 65 cm (500-600 000 francs), reproduite dans le catalogue raisonné établi par Pierre Encrevé. Cette composition noire et ocre balayée de rayures est typique des créations des années cinquante, une des périodes les plus fécondes de l’artiste. Seront également proposées une huile de Serge Poliakoff exécutée en 1947, Composition en vert (150-200 000 francs), et une aquarelle de Wassily Kandinsky, Rectangle orné (400-500 000 francs). Signée et datée de 1931, elle est dédicacée à Gildas Fardel par Nina Kandinsky.

La Barre d’appui de Paul Eluard
Les 2 et 3 décembre sera dispersée la collection d’ouvrages de l’Avant garde de Gildas Fardel. Une partie de celle-ci avait été léguée en 1981 au Musée des beaux-arts de Nantes, une autre mise aux enchères le 15 juin 1992. Des pièces les plus importantes, on retiendra un poème d’Eluard, La Barre d’appui, illustré de trois eaux-fortes de Picasso (200 000 francs). Cette édition originale, dédiée à Nusch Eluard, est présentée dans un maroquin havane janséniste. Plus ancienne est Klänge, la série de 38 poèmes en prose écrits et illustrés de 56 bois par Kandinsky entre 1908 et 1912 (150 000 francs). On notera enfin une édition originale du Marteau sans maître de René Char (80 000 francs).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°93 du 19 novembre 1999, avec le titre suivant : Une vente d’Avant-garde

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