Une vente bien assise ?

Une première : cent cinquante ans d’histoire du siège

Le Journal des Arts

Le 26 septembre 1997 - 469 mots

Christie’s organise le 29 octobre, à Londres, une vente uniquement centrée sur l’évolution et le design de la chaise et du fauteuil au cours des deux cents dernières années. Parmi les 124 lots, dont le produit attendu s’élève à dix millions de francs, seront mises aux enchères des pièces réalisées par les plus grands designers et dans l’esprit des principaux mouvements artistiques du début du siècle – Art nouveau, Bauhaus, Art Déco…

LONDRES. Jusqu’à présent, la chaise et le fauteuil n’avaient jamais fait, à eux seuls, l’objet d’une vente aux enchères. Grâce à l’initiative de Nicola Redway, directrice du département des Arts décoratifs du XXe siècle, Christie’s va combler ce manque le 29 octo­bre. “Fascinée et passionnée par les sièges”, cet expert en Art nouveau et Art déco caresse depuis longtemps le projet d’organiser une telle adjudication, qui couvre tous les grands mouvements : Arts and Crafts, Art nouveau, Séces­sion, Bauhaus, et de l’Art déco au Modernisme jusqu’à l’art contemporain. L’intérêt : démontrer qu’“essentielle pour tout le monde, la chaise est aussi objet d’invention, de créativité et de beauté. Car, malgré sa forme définie, elle offre un large éventail de variations et ne cesse d’évoluer”. Si cette vente, selon Nicola Redway, intéresse un noyau dur de marchands et de collectionneurs privés spécialisés dans la chaise et le fauteuil, elle s’adresse aussi à un public plus vaste qui comprend des collectionneurs d’art ou de design. Parmi la centaine de chaises et de fauteuils mis aux enchères, figurent ce que Nicola Redway décrit comme des pièces représentatives et des prototypes. La collection des 42 artistes et designers, avec de grands noms comme Le Corbusier, Frank Lloyd Wright, Mies Van der Rohe, Antonio Gaudi et Charles Rennie Mackintosh, inclut la période de l’après-guerre, et même des designers contemporains tels que Rond Arad. Les plus belles pièces sont une paire de fauteuils créés par William Morris, Dante Gabriel Rossetti et Burne-Jones, qui faisaient partie des meubles emportés par Burne-Jones et Morris à Red Lion Square en 1856. Les sièges sont décorés de scènes peintes illustrant deux poèmes de l’œuvre de Morris, The Defence of Guinevre. La vente proposera d’autres sièges rares : un fauteuil en padouk – un bois tropical –, création d’Antonio Gaudi en 1902, dont on ne connaît que trois autres exemplaires : deux en chêne à la Casa Calvet, à Barce­lone (pour laquelle ils furent créés), et un en noyer au Metropolitan Museum de New York. Provenant d’Autriche, une chaise d’un groupe de trois créées par Otto Wagner en 1911 pour sa propre maison viennoise. L’une des deux autres se trouve au Museum fur Angewandte Kunst, à Vienne, et l’autre dans une collection privée, également dans la capitale autrichienne. De son côté, l’artiste designer contemporain Danny Lane a conçu pour cette vente un siège unique en verre, acier et noyer.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°44 du 26 septembre 1997, avec le titre suivant : Une vente bien assise ?

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