Une toile de Pierre Soulages de 1960 aux enchères

1960 est une date décisive pour Pierre Soulages (1919-2022), car c’est l’année de la construction de sa maison et de son atelier à Sète. Il vient d’avoir 40 ans et son style a atteint sa pleine maturité. Compositions puissamment architecturées, travail maîtrisé de la matière, avec des épaisseurs et des raclages qui créent des dynamiques de profondeurs et de transparences, contrastes intenses entre le noir et l’arrière-plan lumineux : lorsqu’il peint cette toile le 7 avril 1960, Soulages est au firmament de son art.

Cette toile qui provient de la collection privée des Américains Max et Cecile Draime montre que « Soulages a très tôt bénéficié d’une reconnaissance outre-Atlantique », commente Paul Nyzam, directeur du département d’Art d’après-guerre et contemporain chez Christie’s Paris. Dès la fin des années 1940, il fait la rencontre de James Johnson Sweeney, qui deviendra le directeur du Solomon R. Guggenheim Museum. Une série d’expositions suit à New York, dans des galeries et des institutions. Des célébrités achètent ses œuvres tels Charles Laughton, Alfred Hitchcock, Otto Preminger…

« Après une période de forte expansion (2018-2022) et depuis la disparition de l’artiste, en octobre 2022, le marché de ses œuvres a marqué un léger infléchissement, entrant ainsi dans un nouveau cycle, plus sélectif et, par conséquent, plus sensible aux estimations calibrées avec précision », souligne Paul Nyzam. Fait remarquable, c’est la première fois depuis 2022 qu’une œuvre majeure est présentée aux enchères avec une estimation particulièrement attractive, dans la lignée des prix d’avant 2018.