Une saison royale

Pour l’expert de Sotheby’s, Marguerite de Sabran, « Paris n’a pas connu une telle émulation dans les arts premiers depuis 2006 », année de la vente Vérité. La raison : certains collectionneurs endettés ou à cours de trésorerie se séparent de pièces. Chez Sotheby’s, la collection new-yorkaise Friede, l’une des plus pointues sur l’art de Nouvelle-Guinée, a approvisionné la moitié de la partie consacrée à l’art océanien. Elle comprend un exceptionnel masque-crochet de la région des monts Hunstein, estimé 130 000 euros, et un rarissime masque de danse de la région de la baie de Geelvink, estimé 100 000 euros. La section Afrique est servie par un puissant masque de la société du Kònò au Mali, chef-d’œuvre de l’art Bamana estimé 300 000 euros, et une statue masculine Dogon du Mali, datant des XVe-XVIIe siècle, estimée 400 000 euros. Son visage et son corps furent réunis à Paris en septembre 2008, lors de la 7e édition du Parcours des mondes. On reverra par ailleurs un dignitaire en bronze du royaume de Benin des XVIe-XVIIe siècle, cédé 162 750 euros un an auparavant chez Sotheby’s et proposé pour 120 000 euros. Mais aussi le superbe masque Punu de l’ancienne collection du colonel Collignon, adjugé 170 000 euros en 2000 à Drouot et estimé aujourd’hui 250 000 euros, ainsi qu’une figure de reliquaire Mahongwe du Gabon, acquise lors de la vente Vérité du 17 juin 2006 pour 182 300 euros et offerte pour 150 000 euros.

La crise a honoré Christie’s avec un ensemble de 40 lots africains issus d’une collection japonaise. La pièce maîtresse est une rarissime figure d’ancêtre royal masculin Bangwa du Cameroun, datant du XIXe siècle, attendue autour d’un million d’euros. Cette œuvre est « considérée comme étant le compagnon de la célèbre “Reine” Bangwa provenant de l’ancienne collection Helena Rubinstein et conservée aujourd’hui dans les collections du Musée Dapper à Paris », précise l’expert Susan Kloman. Figurent aussi un masque Songye kifwebe  du Congo, estimé 150 000 euros, et une maternité M’Bembe du Nigeria, estimée 500 000 euros.

 Seule la SVV Enchères Rive Gauche livrera à Drouot deux anciennes collections françaises inédites, composées « d’objets n’ayant pas bougé depuis un demi-siècle », insiste l’expert Alain de Monbrison. Le clou de la vente est un fétiche à clous Vili du Congo, estimé 200 000 euros, présenté aux côtés d’un reliquaire Sango du Gabon, complet, estimé 150 000 euros, et d’un masque de danse Punu du Gabon, estimé 100 000 euros.