Une foire qui séduit

La Fila a accueilli six mille visiteurs

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 5 juin 1998 - 462 mots

La dixième Foire internationale du livre ancien (Fila) s’est tenue à Paris du 14 au 17 mai, à la Maison de la Mutualité. Devenue annuelle, la manifestation a attiré plus de six mille visiteurs, dont un bon nombre d’étrangers, européens et américains.

PARIS. Une ambiance feutrée et studieuse, des discussions et des négociations menées à voix basse en anglais, allemand ou italien, le tape-à-l’œil et le clinquant ne sont pas de mise à la Foire internationale du livre ancien. Le visiteur s’y promène en silence, comme dans une grande librairie riche en trésors de tout genre, tels ces Fioretti de Saint-François d’Assise illustrés par Maurice Denis en 1913 (librairie Jean-Claude Vrain, 120 000 francs), un ouvrage de 1796 à la jolie reliure en veau moucheté, présentant la Constitution française de l’an III (Altstadt Antiquariat, Fribourg, 5 700 francs), ou encore un exemplaire hors commerce du Knock de Jules Romains illustré par Dubout (librairie Alain Cambon, 2 500 francs).

La thèse de Teilhard de Chardin
Des incunables aux livres remontant à l’Antiquité, un large choix d’ouvrages rares était proposé aux collectionneurs et marchands venus d’Europe comme des États-Unis. “La clientèle se compose pour un tiers de Parisiens, un tiers de provinciaux et un tiers d’étrangers (Anglais, Américains, Suisses, Néerlandais, Italiens). La périodicité annuelle est une bonne chose. Grâce à elle, la manifestation acquiert une image encore renforcée de sérieux”, explique Jean-Étienne Huret (librairie Nicaise), qui s’est montré également satisfait des ventes réalisées, évoquant en particulier un manuscrit autographe inédit de Jean-Baptiste Adanson consacré au déchiffrement des hiéroglyphes, vendu 45 000 francs à un libraire new-yorkais. Illustrés de 61 planches dessinées et rehaussées par l’auteur, ces cahiers ont été rédigés par Adanson d’après les notes et croquis qu’il avait rapportés de ses voyages en Égypte, entre 1762 et 1782, quelque trente ans avant les découvertes de Champollion. Même satisfaction chez Rodolphe Chamonal, qui présentait notamment une œuvre originale de la thèse du Révérend Père Teilhard de Chardin, datant de 1922, Les Mammifères de l’Éocène inférieur français et leurs gisements (40 000 francs)... non loin d’un livre de photographies érotiques tirées sur papier albuminé, représentant des jeunes femmes dans des positions sexuellement explicites (40 000 francs). Éloges et contentement aussi chez Frédéric Castaing : il a vendu des lettres de Stendhal, Flaubert et Satie, mais n’a pas trouvé preneur pour une lettre autographe de Calvin dans laquelle le réformateur religieux s’entretient avec le Grand conseil de Genève qui vient de l’expulser de la ville. Regard plus critique de la part de Patrick Sourget (librairie Sourget, Chartres), qui indiquait néanmoins avoir réalisé 1 million de chiffre d’affaires en quatre jours : “C’est un salon honorable. Je souhaiterais néanmoins que la manifestation puisse se tenir dans un cadre plus prestigieux et luxueux que la salle de la Mutualité”.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°62 du 5 juin 1998, avec le titre suivant : Une foire qui séduit

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