Art Brussels

Une foire de plus en plus branchée

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 1 avril 2005 - 712 mots

La XXIIIe édition de la foire d’art contemporain a soigneusement sélectionné ses exposants.

 BRUXELLES - Voici une foire de demi-saison. Comme pour les vêtements du même genre, difficile de définir l’identité de ce salon dont la place sur l’échiquier des foires d’art contemporain est encore à trouver. « C’est une foire sympathique, pas très chère pour le moment, qui permet de se faire les dents en attendant des foires plus importantes », résume le galeriste Pietro Sparta (Chagny). Pour réduire son parfum provincial, le comité organisateur a procédé cette année à des coupes drastiques, en réduisant de 15 % le nombre de participants. Coupes iniques estime le marchand Pascal Polar (Bruxelles), qui peste contre l’éjection de certaines galeries belges. Le contingent local se réduit en effet cette année à 23 enseignes, contre 42 l’an dernier. Du côté français, le régiment s’est aussi aminci, avec 24 participations, contre 29 la fois précédente, avec en prime un renouvellement singulier des troupes. « Certains belges qui font du second marché, comme Vedovi ou Guy Pieters, ne sont pas venus. Il y a aussi beaucoup de galeries qu’on prenait par habitude, amitié ou pitié… Certaines galeries, même honorables, n’apportaient pas non plus d’énergie à la foire. On a décidé d’être plus sévère pour pouvoir créer un village avec les nouveaux participants du secteur “First Call” », remarque le galeriste Rodolphe Janssen (Bruxelles). Quatorze impétrants, notamment allemands, comme les berlinoises Giti Nourbakhsch et Neu, ont répondu à l’appel du pied de ce nouveau secteur.
Locale, ou du moins européenne, Art Brussels a en tout cas le mérite de ne pas être prétentieuse. « Il y a sur la foire une image généreuse de l’art contemporain, sans diktats, observe la galeriste Nathalie Obadia (Paris). L’ambiance est comme elle était il y a dix ans sur les foires, un rythme tranquille qui permet de travailler normalement. On y va de manière décontractée, pas pour rentabiliser d’un coup. » Les transactions s’apparentent d’ailleurs plus à la douche écossaise qu’au bingo ! L’aspect aléatoire du négoce provoque du coup une intermittence dans les participations. Chaque édition connaît son lot de retours, comme Micheline Szwajcer (Anvers), Hervé Loevenbruck (Paris), de nouvelles arrivées, à l’image de Louis Carré & Cie (Paris) et Pierre Huber (Genève), mais aussi d’éclipses, comme celle de la galerie Lelong (Paris). « J’ai le sentiment que les Belges préfèrent acheter en galerie plutôt que sur les foires. Ils cultivent un secret les uns par rapport aux autres. On les voit sur la foire, mais ce n’est pas pour autant qu’ils achètent », confie Jean Frémon, codirecteur de la galerie Lelong. À l’affût des nouveautés, les collectionneurs du plat pays tendent aussi à se fournir à l’étranger. « Tout dépend de ce qu’on propose. Bruxelles n’est pas la province de Paris, et ce qui marche en France ne fonctionne pas nécessairement en Belgique. Nous sommes plus tournés vers l’international », défend Rodolphe Janssen.
Pour décoincer l’ambiance bourgeoise du salon, Kamel Mennour (Paris) joue sur le face à face entre Nobuyoshi Araki et Daido Moriyama sur la thématique de la vie nocturne dans le quartier de Shinjuku à Tokyo (de  3 500 à 5 500 euros). En contrepoint, Jota Castro, Kader Attia et Adel Abdessemed offriront leurs visions interlopes, tandis qu’un « one-woman-show » de Marie Bovo révélera six photos incandescentes du Japon (de 4 000 à 6 000 euros). Les foires sont parfois l’occasion de mini-expositions difficiles en galerie. Claudine Papillon a ainsi choisi de mettre en exergue Nathalie Elemento et montrera une grande table-sculpture (25 000 euros). Pour sa part, Xavier Hufkens (Bruxelles) a opté pour un one-man-show de peintures de Philip Allen (4 000 à 15 000 euros).
Art Brussels s’est enfin lancée dans différentes opérations parallèles avec « Sculpture Off », installée sur le parvis de la banque ING. Douze jeunes galeries flamandes et wallonnes, parmi lesquelles Catherine Bastide (Bruxelles), se sont aussi approprié les vitrines des galeries Ravenstein, en face du Palais des beaux-arts, pour mener des projets spécifiques. Car la vitalité d’une foire tient souvent aux événements parallèles qui s’y greffent. Art Brussels serait-elle sur le chemin de la hype ?

ART BRUSSELS

15-18 avril, Brussels Expo - Halls 11 & 12, 1, place de Belgique, Bruxelles, www.artbrussels.be, les 15, 16 et 17, 12h-20h, le 18, 12h-22h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°212 du 1 avril 2005, avec le titre suivant : Une foire de plus en plus branchée

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque