Effet biennale

Une foire bien amarrée

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2007 - 691 mots

La foire d’art contemporain Docks Art Fair se greffe à la Biennale de Lyon et songe déjà à des boutures à l’étranger.

 LYON - Après la foire Cornice greffée à la Biennale de Venise en juin dernier, celle plus confidentielle de Paralela accolée à la Biennale de São Paulo au Brésil, c’est au tour de Docks Art Fair de s’aligner sur la Biennale de Lyon. Au point de se mouler – par la formule des expositions personnelles – sur le cahier des charges de cette dernière, où, cette année, les commissaires recrutés invitent chacun un artiste. L’objectif du salon ? Rallier les quelque 20 000 visiteurs de la Biennale lors de la semaine d’inauguration.
L’opportunisme de Cornice avait toutefois provoqué les grincements de dents de la communauté artistique. « J’ai eu des sueurs froides quand j’ai vu la réaction des gens face à Cornice, confesse le galeriste lyonnais Olivier Houg, initiateur de Docks Art Fair. Mais Cornice était une greffe sauvage. Nous, nous le faisons en concertation avec les organisateurs de la Biennale. » Pour le galeriste parisien Laurent Godin, il ne faut pas crier au loup. « Les Biennales sont des laboratoires, mais aussi des lieux, où, pour le meilleur et le pire, le commerce se déroule, indique-t-il. Dans le cas de Docks Art Fair, je ne vois pas quelles réserves on pourrait avoir. Ce n’est pas une foire commerciale car les collectionneurs ne vont pas se précipiter à Lyon. Le gros des troupes du vernissage est plutôt composé de curateurs. Je vois cet événement comme une possibilité de prolonger un propos à travers de jeunes artistes. » D’ailleurs, en optant pour une taille unique de stand, les organisateurs privilégient non la puissance économique d’une galerie, mais son engagement sur un créateur.
Parmi les « one-men shows » prometteurs, on relève les nouvelles sculptures en céramique de Françoise Petrovitch présentées par la Galerie RX (Paris), le travail pictural sur la mémoire de Florence Reymond chez Odile Ouizeman (Paris) ou encore le questionnement des organisations sociales par Slimane Raïs chez Isabelle Gounod (Boulogne-Billancourt). C’est aussi une certaine forme d’organisation sociale qu’explore Jens Semjan en reconstituant la maison d’un contremaître baptisé Guillaume chez Traversée (Munich). Par un curieux concours de circonstances, les frères Leopold et Till Rabus seront tous deux à l’affiche, respectivement chez Artrepco (Zurich) et Laurent Godin. La notion d’artiste émergent, invoquée par la foire, s’avère toutefois élastique, puisqu’elle englobe aussi des quadras comme l’Anglais Dominic McGill, lequel revisite l’histoire politique des États-Unis chez Aeroplastics (Bruxelles), ou Brigitte Zieger, fine observatrice du quotidien chez Bernhard Bischoff & Partner (Berne). Reste à voir si les visiteurs de la Sucrière, où se déroule la Biennale, auront encore du souffle pour arpenter la foire. « Venise est dense et éparpillée. À Lyon, nous sommes dans une unité de lieu, observe le marchand Georges Verney-Caron (Lyon). C’est une petite foire digeste, et toutes les galeries qui viennent sont sûres de ne pas être mises dans un coin. »

Une foire biennale
Épousant le rythme de la Biennale de Lyon, Docks Art Fair n’aura lieu qu’une fois tous les deux ans, ce qui devrait lui épargner l’effet d’usure commun aux autres salons. Mais cette cadence peut difficilement transformer Lyon en place de marché comme le souhaitent les ordonnateurs du projet. Ce vœu semble d’ailleurs plombé par le jacobinisme français. « S’il y a une région où cela peut être possible, c’est en Rhône-Alpes, où se trouvent concentrés un grand nombre d’entreprises et de grosses fortunes, affirme Olivier Houg. Cela peut devenir un centre, pas pour les Français, mais pour les étrangers qui n’ont pas les mêmes raisonnements centralisateurs. Je constate l’enthousiasme des galeries étrangères à venir, comparé à celui des galeries françaises. » Les ambitions des maîtres d’œuvre ne se mesurent d’ailleurs pas seulement à l’échelle régionale ou nationale. Ainsi espèrent-ils exporter leur formule dans des villes dotées de fleuves – pour garder l’idée des docks – et de Biennales. Est-ce à dire qu’on ne pourra plus concevoir d’exposition internationale sans une foire simultanée ? Sans doute, tant que le marché sera fort.

DOCKS ART FAIR

17-23 septembre, Les Docks, à 100 m de la Sucrière, Lyon, www.docksartfair.com, horaires les 17-18 12h-19h (journées professionnelles), les 19, 20, 22, 23 12h-19h, le 21 12h-22h.

DOCKS ART FAIR

- Organisateurs : Olivier et Patricia Houg, Georges Verney-Caron - Nombre d’exposants : 40 - Tarif des stands : 6 000 euros HT pour un stand de 35 m2

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°264 du 7 septembre 2007, avec le titre suivant : Une foire bien amarrée

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