Expérience

Une exposition de galeries

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 28 avril 2006 - 528 mots

À Anvers, le centre d’art Extra City a proposé une éphémère alternative, sérieuse et réfléchie, à la trépidation continue des foires d’art contemporain.

 ANVERS - Foire ou exposition ? Pour certains galeristes, la manifestation entrait clairement dans la première catégorie. Pour Wim Peeters, directeur du centre d’art Extra City d’Anvers, en Belgique, et organisateur de la manifestation, il s’agissait bien de la seconde. Tous se rejoignaient cependant pour vanter le caractère novateur et alternatif de l’expérience.
Profitant de la tenue d’Art Brussels (lire ci-dessus) – dont l’organisation a peu goûté qu’une structure subventionnée puisse faire commerce, et a de ce fait annulé le partenariat prévu –, le lieu a accueilli pendant cinq jours, du 19 au 23 avril, « The Galleries Show ». Ce rassemblement international de vingt-deux galeries était, pour son promoteur, « une exposition fonctionnant comme une foire », qui, sans nier son caractère commercial, tente de « s’éloigner de la superficialité qui touche beaucoup des gros événements d’art contemporain aujourd’hui ».
C’est le caractère expérimental de la proposition qui a séduit les participants. Ainsi Jay Sanders, directeur de Greene Naftali (New York), a-t-il insisté sur « la nouveauté et l’originalité » d’un événement que Mark Dickenson, directeur de Vilma Gold (Londres), a apprécié, précisément, pour son « caractère “entre-deux” ». Jan Mot (Bruxelles) a relevé pour sa part dans cette proposition « une alternative au marché sans se positionner en dehors ».

Aide à la production
La manifestation est apparue originale à plusieurs titres. La sélection, tout d’abord, puisque onze galeries invitées par Extra City en ont chacune choisi une autre. Ce processus de cooptation n’est sûrement pas étranger à la fluidité présidant à la visite. Beaucoup de stands, à l’accrochage toujours clair et pensé, ont partagé indéniablement des sensibilités communes, sans pour autant parler d’homogénéité. Il y avait en effet, malgré une certaine ambiance « club » assez feutrée en dépit de l’environnement en béton, bien peu de connexions visuelles entre le froid et piquant « conceptualisme » – néons au mur, peintures reproduisant des pages de magazines… – du solo show de l’artiste mexicain Stefan Brüggemann chez Blow de la Barra (Londres) et l’aspect rugueux de l’installation de Rachel Harrison chez Greene Naftali – déployant  guirlandes colorées et curieux volumes, avec en toile de fond la projection d’un concert du groupe Kiss (Car Stereo Parkway, 2005). Johann König (Berlin) a quant à lui opté pour un programme vidéo diffusant, entre autres, des œuvres de Manuel Graf (Shulmantonioni, 2004) ou de Michaela Meise (Das Wittegenstein-Haus tanzen, 2002).
L’économie de l’entreprise est aussi à souligner, la location de chaque stand coûtant la somme de 2 000 euros, intégralement compensée par une aide à la production identique pour quiconque produisait au moins une œuvre nouvelle. Cette aide – certes rendue possible par les subventions dont bénéficie Extra City – a sans aucun doute facilité la venue de structrures jeunes et éloignées, telles Galería Comercial (San Juan, Porto Rico) ou Proyectos Monclova (Mexico), ouverte depuis moins d’un an.
« The Galleries Show » devrait conserver à jamais son caractère expérimental, frais et rigoureux
à la fois. Wim Peeters a affirmé que l’opération ne serait pas reconduite.

Rens. www.extracity.org

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°236 du 28 avril 2006, avec le titre suivant : Une exposition de galeries

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