Design

Une collection très discrète

Rareté, qualité et attractivité des prix sont au rendez-vous lors d’une vente de 300 pièces signées par des créateurs comme Marc Newson, Andrea Branzi et Ron Arad

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 30 septembre 2009 - 741 mots

PARIS - La vente de design, organisée par la maison Camard le 12 octobre à l’hôtel Drouot, à Paris, comporte un ensemble composé d’un peu plus de 300 lots d’une qualité irréprochable, parfois rares ou uniques, et à des prix défiant toute concurrence, ce qui ne manquera pas d’attirer nombre d’amateurs.

Toutes ces pièces proviennent d’une seule personne, « un collectionneur européen qui a chiné les meubles et objets pendant une vingtaine d’années », dévoile pudiquement Jean-Marcel Camard, en charge de la vacation. Un collectionneur qui a voulu rester discret, car nulle mention au catalogue n’indique de provenance. Le vendeur a en outre accepté de jouer le jeu des estimations très attractives, un levier indispensable au succès des enchères en vente publique. La vente inclut une série de meubles rares d’Andrea Branzi, à l’instar d’une bibliothèque Amnesie (éd. Design Gallery Milano, 1991) en acier laqué gris et tronc d’arbre, numérotée 7/20 et estimée 7 000 euros. Une paire de bibliothèque de cette série avait été adjugée 55 200 dollars (41 400 euros) le 3 décembre 2006 par la maison américaine Wright à Chicago. Quatre rares chaises à dossier en rondin ou branches d’arbre de la série « Animali Domestici » (ed. Zabro, 1985) sont proposées à 8 000 euros pièce. C’est aussi l’estimation avancée pour chacun des deux lampadaires Big Cap (1996) en papier japon et fût en bambou, réalisés à 20 exemplaires. Marc Newson est représenté par une trentaine de pièces dont trois tables en Corian blanc, fabriquées en petite série et estimées 12 000 euros chacune. Sont également à signaler des sièges à des estimations ultra-concurrentielles, tels deux Felt Chair d’une édition limitée à 99 pièces (éd. Cappellini, 2005), en résine laquée blanc ornée de motifs colorés, estimés 1 500 euros chacun, soit un tiers de sa cote actuelle en vente publique. Toujours de Newson, onze fauteuils Wicker Chair (éd. Idée, 1990) en vannerie de rotin et dix chaises Embryo (éd. Idée, 1988) dans leur housse de néoprène noir sont estimés seulement 1 500 euros l’unité. Pour comparaison, ces deux modèles prisés sont vendus en exclusivité en France à la galerie Kreo (Paris) pour 6 000 euros pièce. Les créations de Ron Arad occupent une bonne place dans cette collection.Ainsi, édités en 2000 par Ron Arad Associated, un fauteuil en inox Little Albert (numéroté 8/20) et un fauteuil Little Heavy, en acier patiné, d’une édition de cinq, sont estimés respectivement 30 000 et 20 000 euros, soit la moitié des prix du marché. On retiendra aussi deux Split Chair et deux Split Table d’Arad (éd. Poltronova), estimées 6 000 euros la chaise et 15 000 euros la table. L’ensemble comprend une sélection de pièces des années 1980 d’Alessandro Mendini, ainsi qu’une chaise trônant sur un podium, estimée 60 000 euros. Cette pièce unique de 1974, influencée par le futurisme italien, est issue de la maison de l’artiste. Une table basse U-Turn (éd. Fish design, 1995) de Gaetano Pesce, habituellement négociée autour de 10 000 euros, est annoncée à 3 000 euros. Deux exemplaires du fauteuil Joe en cuir havane, célèbre icône du design des années 1970 en forme de gant de baseball créée par Gionatan De Pas, Donato D’Urbino et Paolo Lomazzi (éd. Poltronova), sont à saisir à l’état neuf à hauteur de 5 000 euros l’unité. « Ils ont été achetés chez le fabricant. Ils n’ont jamais servi et ont été conservés dans leur emballage d’origine », précise Jean-Marcel Camard. Deux autres fauteuils Joe, dans une version en skaï chocolat, seront livrés au feu des enchères pour 3 000 euros pièce. Quatre miroirs Ultrafragola d’Ettore Sottsass (éd. Poltronova, vers 1970), estimés 1 200 euros chacun, ont aussi été préservés dans leur boîte d’époque. Le fauteuil Contour Chair (éd. Easy Edges, vers 1970), en Isorel et carton alvéolé de Frank O. Gehry, estimé 8 000 euros, a vocation à figurer dans un musée. « Il fait partie de la première édition d’une série limitée à 100 exemplaires. C’est l’un des rares à être encore conservés dans son état d’origine », souligne Jean-Marcel Camard. Notons encore Side 1 et Side 2 (éd. Cappellini), deux meubles de rangement introuvables de Shiro Kuramata, de forme sinusoïdale et de forme courbe, édités à 6 exemplaires et estimés 15 000 euros chacun.

DESIGN, vente le 12 octobre à Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris, SVV Camard, tél. 01 42 46 35 74 ; expositions publiques : les 8, 9 et 10 octobre 11h-18h, www.camardetassocies.com

DESIGN
Expert : Jean-Marcel Camard
Estimation : 800 000 euros
Nombre de lots : 317

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°310 du 2 octobre 2009, avec le titre suivant : Une collection très discrète

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