Une aquarelle de Moreau

Les 21, 23 et 24 mars 2023, la galerie parisienne Talabardon & Gautier offre aux enchères une partie de son fonds – elle ne cesse pas pour autant son activité. Spécialisée en peinture ancienne et du XIXe, l’enseigne est réputée pour ses belles découvertes, à l’instar d’un tableau de Caspar David Friedrich repéré dans une vente à Cannes en 2010, ou encore un Rembrandt, identifié aux États-Unis, en 2015.

Admirée par les symbolistes, l’œuvre de Gustave Moreau (1826-1898) est empreinte de rêves, de mythes et de poésie. Plusieurs des créations du peintre, fasciné par l’Orient – un Orient non fantasmé –, sont directement inspirées de la culture persane, à l’instar de ce dessin. Ici, le poète à cheval, portant une tiare, dialogue avec l’ange de l’inspiration.

Le format, étiré en hauteur, est au service du sujet. « La composition ascensionnelle ajoute un caractère mystique prononcé. L’artiste y concilie la subtilité et le raffinement inspirés par les miniatures persanes à l’illustration d’un thème qui lui est cher, celui de l’inspiration poétique », précise l’expert Patrick de Bayser.

La feuille ci-contre a été acquise auprès de l’artiste par Antony Roux (1833-1913), l’un des principaux mécènes et collectionneurs du peintre. L’amateur marseillais est bien connu pour lui avoir commandé un ensemble exceptionnel de 64 aquarelles illustrant les Fables de La Fontaine – réunies l’an dernier au Musée Gustave Moreau à Paris.

Déjà passée en vente en 2015 avec une estimation similaire –, l’adjudication avait été de 310 000 euros au marteau –, l’œuvre, estimée raisonnablement et doublée d’une provenance prestigieuse, devrait voir son prix grimper.