Un vrai printemps pour le marché français

Berckheyde, Monet, Miró, records et belles enchères à Paris et à Cheverny

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 2 juillet 1999 - 616 mots

Plus de 26 millions de francs pour une œuvre de Gerrit Berckheyde, le 16 juin à Drouot, 15 millions pour une huile de Claude Monet, le 6 juin à Cheverny : les ventes de maîtres anciens, de tableaux et de sculptures modernes de la fin du printemps ont confirmé la bonne santé du marché français.

PARIS et CHEVERNY - C’est la plus haute enchère enregistrée en France au cours du premier semestre 1999, et un record mondial pour une œuvre de Gerrit Berckheyde (1638-1698). En partant à 26 millions de francs, le 16 juin à Drouot sous le marteau de Me Ribeyre, la toile du peintre hollandais, Vue de l’église Saint-Bavon de Haarlem (1666), a pulvérisé son estimation haute de 3 millions de francs. Cette huile lumineuse, acquise en 1830 par un collectionneur français, est toujours demeurée dans la même famille du centre de la France. Drouot avait connu une autre belle enchère quelques jours plus tôt, le 11 juin. Une Crucifixion italienne du XIVe siècle, du Maître de Giovanni Barrile (actif à Naples entre 1335 et 1340), qui fut l’aide de Giotto, a été adjugée 11 millions, contre une estimation de 3 millions de francs. Elle présente des similitudes avec certaines œuvres attribuées à Giotto et à son atelier dans les dix dernière années de la vie de l’artiste, en particulier avec les fresques du transept de la basilique inférieure d’Assise. Interdite de sortie du territoire français, elle a été préemptée par la Direction des Musées de France en faveur du Louvre.

Quinze millions de francs pour un Monet
Reposant sur le sol, sans cadre, Étretat, la falaise d’Aval (1883), de Monet, conservée pendant quatre-vingt-cinq ans dans une même famille française, n’avait jamais été nettoyée. Quand elle a été examinée au printemps par l’expert Philippe Brame, la toile présentait une forte dominante verte occultant en grande partie les nuances bleues et rosées de ce coucher de soleil. Estimée 3 millions de francs, elle a été adjugée 14 millions de francs sans les frais, le 6 juin, lors de la vente de Me Rouillac à Cheverny. C’est la meilleure enchère enregistrée en France ce semestre par un tableau moderne. “Nous savions que le tableau se vendrait entre 8 et 10 millions de francs, affirme Philippe Brame, mais nous n’avons pas voulu décourager les enchérisseurs éventuels en fixant une estimation trop élevée.”

Si Sable, un Miró de 1925, clou de la vacation d’art moderne et contemporain de l’étude Briest, le 22 juin, n’a pas atteint le prix du Monet, il s’en est approché en partant à 11,5 millions de francs. De Raoul Dufy, Le Quintette bleu, a pour sa part triplé son estimation haute de 1,3 million de francs. La plus belle enchère de la vente Laurin, Guilloux, Buffetaud, le 21 juin, est allée à un marbre de Rodin, Ève après le péché, adjugée 5,3 millions sans les frais. Destinée à être intégrée aux Portes de l’Enfer, elle provenait de l’ancienne collection Tristan Bernard. La vacation de tableaux et de sculptures des XIXe et XXe siècles de l’étude Piasa, le 23 juin, a elle aussi témoigné de la solidité du marché français dans ce secteur. Un charmant bouquet de fleurs dans un pichet, exécuté par Pierre Bonnard en 1914-1915 (et exposé à l’Orangerie des Tuileries en 1967), s’est vendu 5,1 millions de francs ; une huile de Renoir, Femme au gant blanc dans la loge (1890), 3,3 millions de francs, et un Portrait de femme au grand chapeau (1912) de Van Dongen, provenant de la collection du docteur Roudinesco, 3,1 millions de francs, loin cependant des 8 millions de francs réalisés le 16 mars 1998 par le très sensuel Lit de la bonne, de la collection Jacqueline Delubac.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°86 du 2 juillet 1999, avec le titre suivant : Un vrai printemps pour le marché français

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