6e et 13e arrondissements

Un très bon après-midi

Récit d’une promenade entre le quartier de la rue de Seine et la rue Louise-Weiss où se tiennent quelques-unes des propositions marquantes de ce début d’année

Le Journal des Arts

Le 9 janvier 2008 - 566 mots

PARIS - Le samedi 2 décembre ouvrait une nouvelle cession d’expositions dans les galeries des 13e et 6e arrondissements. Venant de Saint-Germain, c’est d’abord Loevenbruck avec les pièces au sol et au mur de Dewar et Gicquel posées dans le demi-désordre de la galerie, presque comme si elles venaient d’être livrées. Ce laisser-aller contrôlé, baroque, semble régurgiter le pop d’Oldenburg en prenant soin d’en ravaler une partie pour s’en faire des crampes d’estomac. Le tout est simple et réussi. Après un bref crochet à la galerie Jeanne Bucher pour y découvrir un Dubuffet tardif vibrionnant comme un réacteur thermonucléaire une minute avant la fusion, passage à la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois avec une exposition un peu trop démonstrative des sculptures d’Olav Westphalen faite de bonhommes de neige en brouette ou colonne sans fin, mais l’impression est dissipée en sortant par l’impeccable parquet et conteneur de Julien Berthier. Détour par la galerie Darthea Speyer pour admettre une fois de plus, et toujours bien tardivement, l’importance de l’oeuvre de Leon Golub. Après téléportation dans le 13e, l’arrivée se fait par le côté Jousse Entreprise, avec de très beaux meubles, rien à dire, on aimerait vivre avec cela. Au milieu de la galerie, Florence Doléac a creusé un trou à même le béton, avec dedans une flaque d’eau auréolée de faux diamants. On dirait Pelléas et Mélisande revenus rue Louise-Weiss.

« Délicieux anesthésiants »
Plus loin, Air de Paris présente les tableaux-sculptures de Rob Pruitt joyeusement débridés, avec les miroirs maculés des jeans bourrés de mousse expansée comme s’il ne restait que des moitiés de corps. Impossible de ne pas se rappeler ce premier ou deuxième épisode de «Over there » où le pantalon et les jambes d’un insurgé irakien continuent de courir à l’assaut après que le haut a été pulvérisé d’un tir de lance-grenades américain. Nous dansons bien sur le bord du volcan et ce n’est pas sans un soupir que l’on découvre attenants les dessins à l’érotisme sophistiqué de Mïrka Lugosi, délicieux anesthésiants en approche de la lave. Encore un pas pour voir la galerie Praz-Delavallade, avec les dessins crépusculaires et virtuoses de Martin Bauer. Devant la brasserie, le gérant sur le pas de la porte salue aimablement: « – Bonjour, il y a moins de monde aujourd’hui... – Ah ? C’est dommage, il y a pourtant de très belles expositions ». Traversée de la terrasse et c’est gb agency avec l’installation sonore de Dominique Petitgand, où la voix humaine se fait précise et agaçante comme un tictac au milieu d’une nuit sans sommeil. 0blique vers la galerie Suzanne Tarasiève ; l’artiste Zenita Komad est là, engoncée dans son costume et son maquillage. Remontée rue Duchefdelaville : in Situ/Fabienne Leclerc propose l’exposition d’Hélène Chouteau, avec les très beaux dessins de Walid Raad/groupe Atlas et quelques ciels étoilés de Renaud Auguste-Dormeuil qui avaient beaucoup impressionné au Palais de Tokyo. Art : Concept montre des sculptures/installations de Gedi Sibony, où le sens de l’espace et du détail est saisissant, peut-être l’exposition la plus intrigante de ce parcours. Encore une marche, et c’est Kréo qui présente sobrement des vases. Didier Krzentowski s’approche : « Il faut que je te montre quelque chose, tu vas rire ! » et m’emmène illico dans son showroom voir un nouveau « chef-d’oeuvre absolu », une lampe de Sarfatti, minimaliste avant le minimalisme et, en effet, époustouflante. Ce fut un très bon après-midi.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°250 du 5 janvier 2007, avec le titre suivant : Un très bon après-midi

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