Un rendez-vous obligé

Vingt -deuxième édition du Carré Rive gauche

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 14 mai 1999 - 736 mots

La centaine d’antiquaires parisiens établis dans le carré formé par la rue du Bac à l’ouest, la rue des Saints-Pères à l’est, le quai Voltaire au nord et la rue de l’Université au sud, se donnent cinq jours, du 26 au 30 mai, pour tenter d’éblouir les collectionneurs et les conservateurs de musées qui honorent chaque année cette manifestation.

PARIS - Rendez-vous obligé de la vie parisienne, le “Carré Rive gauche” réunit cette année 120 antiquaires représentant une trentaine de spécialités, de l’argenterie à la verrerie en passant par le mobilier et la tapisserie. Installés sur huit voies parisiennes (sept rues et un quai, le quai Voltaire), ils présenteront pendant cinq jours une sélection d’objets rares et extraordinaires, à l’image de l’autel votif du XVIIe siècle sélectionné par Gabrielle Laroche. Cette œuvre de composition baroque, qui provient des ateliers de verrerie de Murano, a été entièrement réalisée en pièces de verre teinté, églomisé et peint. Elle témoigne de l’éclectisme des artistes vénitiens : toutes les techniques héritées de la Renaissance sont ici mises en œuvre au service d’une exubérante polychromie. Jacques Ollier a choisi un cabinet en écaille et ivoire XVIIIe de forme architecturale, coiffé en doucine, possédant une structure en bois de palissandre et revêtu d’un placage en écaille de tortue. L’artiste qui l’a conçu s’est inspiré des travaux de Jean Ier Bérain, dit Jean le Vieux (1632-1711), auteur de décorations d’intérieur et de cartons de tapisseries pour la Manufacture de Beauvais. Par l’élégance de son graphisme et la fantaisie de ses motifs, il annonce le style rocaille du règne de Louis XV. Jean Waneck proposera un lit de repos Louis XV signé J. Nadal l’Ainé, en bois naturel mouluré et sculpté de fleurs de feuillages ; Laurent Chalvignac un secrétaire de voyage en placage de bois de rose , époque Louis XV, estampillé Jacques Dubois, reçu maître en 1742 ; la galerie Golanoff une paire de chaises curules en acajou dessinées par Jacques Louis David à la fin du XVIIIe siècle et réalisées par Georges Jacob. Parmi les huit nouvelles enseignes du Carré Rive Gauche figure la galerie Flore, dirigée par Flore de Brantes et Xavier Wattebled, spécialisée dans le mobilier et les objets d’art français du XVIIIe siècle. “Nous ne présentons que des meubles et objets provenant de collections privées françaises et étrangères. Nous restaurons peu et préférons laisser les pièces dans leur jus”, explique Flore de Brantes, qui exposera une amusante aquarelle du chien de Toulouse-Lautrec par son maître. Du côté des tableaux, Jacques Leegenhoek accrochera une huile du XVIIe siècle de Charles Alphonse Dufresnoy, Moïse sauvé des eaux, dont le dessin préparatoire est conservé au Musée de Stockholm, et la galerie Delvaille une sélection de marines françaises de la seconde moitié du XIXe siècle.

Tapis du XXe siècle
Les textiles figureront en bonne place, comme à la galerie Chevalier avec Sainte Hélène et la vraie Croix, une tapisserie faisant partie d’une tenture de l’Histoire de Constantin dont les modèles ont été créés par Rubens pour les Ateliers parisiens de tapisserie. Une quarantaine d’années ont été nécessaires pour les réaliser dans l’atelier du faubourg Saint-Marcel et celui du faubourg Saint-Germain. La bordure rappelle celles du XVIIe siècle de l’atelier de Raphaël de La Planche au faubourg Saint-Germain, avec des putti dans le goût du peintre Michel de Corneille. Les tapis du XXe siècle seront à l’honneur chez Blondeel-Deroyan et Camoin, qui réuniront environ 80 pièces de créateurs tels que Da Silva Bruhns, Süe et Mare ou Leleu. On restera dans les arts décoratifs du XXe siècle en poussant la porte de la galerie Jacques Lacoste, dont l’exposition proposera une trentaine de pièces de Jean Royère, et notamment un salon “ours polaire” composé d’un canapé et de trois fauteuils. La nouvelle galerie Gosselin-Dubreuil présentera une paire de sphères gravées des quatre continents et surmontées de doubles obélisques, datant de la fin des années quarante, tandis que Jean-Pierre Orinel montrera un étonnant lustre à quatre lumières en fer forgé à l’imitation du corail, avec des corolles en nacre.

L’art d’Extrême-Orient sera représenté par la galerie Milano-Bacstreet, qui mettra en vedette un cheval en terre cuite exceptionnel par ses dimensions (un mètre de haut) de la région du Sichuan, et la galerie de Beaune, dont un grand paravent en soie à huit feuilles, décorées en polychromie, offre une scène panoramique de palais impérial avec des personnages en train de danser et de faire de la musique.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°83 du 14 mai 1999, avec le titre suivant : Un rendez-vous obligé

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