Un printemps coloré

Tableaux modernes à Cheverny, Paris et Compiègne

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2000 - 767 mots

Rien à voir avec les vacations de New York mais quelques belles surprises tout de même pour les ventes de tableaux modernes de printemps à Cheverny, où Me Rouillac mettra en vente, le 4 juin, une huile fauve de Vlaminck de 1905, à Paris, où seront présentés un portrait de Bonnard de 1916 (Drouot-Montaigne, le 8 juin, étude Briest) et un important ensemble d’huiles de Charles Lapicque (Drouot-Montaigne, le 29 mai, études Pescheteau-Badin, Godeau et Leroy, et Ricqlès), et à Compiègne, où Me Loizillon dispersera, les 17 et 24 juin, une quarantaine d’œuvres de Jean Lurçat.

PARIS - Les 15 millions de francs obtenus en juin 1999 à Cheverny par Étretat, la façade d’aval au coucher du soleil, une huile exécutée en 1883 par Claude Monet, la plus haute enchère de l’année pour les tableaux modernes, a permis à Philippe Rouillac, commissaire-priseur à Vendôme, de conforter la notoriété de sa vente-garden-party. Il présentera, le 4 juin, à l’Orangerie du château de Cheverny, un Vlaminck fauve de 1905, Voiles à Chatou, qui lui a été confié par un chirurgien de Neuilly qui l’a acquis pour 1 million de francs en 1952 et conservé pendant quarante-huit ans.
Cette huile signée, estimée 8 millions de francs, est dotée d’un certificat de libre circulation. Le tableau a été présenté sur le site Internet du commissaire-priseur et montré à des collectionneurs américains venus à Paris, en début d’année, pour visiter l’exposition sur les peintres fauves qui s’est tenue au Musée d’art moderne de la ville de Paris. « Il a aussi été exposé chez les experts et marchands François Lorenceau et Philippe Brame, où il a reçu la visite de plusieurs golden boys américains », raconte Philippe Rouillac.

Un autre Vlaminck – plus modeste que celui de Cheverny – sera proposé à Paris par Francis Briest à l’occasion de ses ventes de tableaux modernes des 8 et 9 juin, comprenant des œuvres de la collection postimpressionniste des Dardari, un couple installé à Londres pendant vingt ans. Personnage et charrette dans un paysage de neige (1,8-2,2 millions de francs) voisinera avec un ravissant portrait de Bonnard de 1916, Jeune Fille au corsage bleu, au regard intense (4-6 millions de francs). Le vœu du peintre – « J’espère que ma peinture tiendra sans craquelures. Je voudrais arriver devant les jeunes peintres de l’an 2000 avec des ailes de papillon », émis il y a plus de cinquante ans – semble être exaucé.

La vacation se poursuivra avec une huile de 1903 d’Henri Le Sidaner, Le Café du port (1,8-2,2 millions de francs), qui est à la fois un paysage et une nature morte, baigné d’une lumière subtile. On remarquera aussi une toile d’Albert Marquet, Fenêtre ouverte sur la jetée, Boulogne-sur-Mer (1,3-1,6 million de francs), des huiles d’Henri Martin (Bassin dans une allée du parc de Versailles, 900 000-1 million de francs), Louis Valtat (Femme et enfant dans le jardin d’Agay, 600-800 000 francs) et Kees Van Dongen (Portrait de jeune femme, 600-800 000 francs).

40 œuvres de Jean Lurçat
À Compiègne, le commissaire-priseur Dominique Loizillon dirigera un festival Jean Lurçat incluant une quarantaine d’œuvres du peintre. Mises en vente, les 17 et 24 juin, elles appartiennent à une importante collection comprenant environ 400 dessins et tableaux du XIXe et du XXe siècle. Des œuvres de Lurçat, on retiendra les Fumeuses de 1920, influencées par les expressionnistes, ses paysages minéraux des années vingt, ses représentations de pêcheurs et de paysans de la fin des années trente comme Les Deux Pêcheurs, de 1938 (100-150 000 francs), et ses toiles fantastiques de l’après-guerre, dont Paysage atomique de 1952, montrant une étendue désolée sur laquelle tombe une neige étrange, évoquant les conséquences d’un cataclysme nucléaire (30-35 000 francs). Se greffent sur cet ensemble des dessins cubistes de Gleizes, La Fresnaye, Modigliani, des feuilles de Matisse, Valloton et Severini, des huiles de Dunoyer de Segonzac ainsi que des œuvres classiques de Van Dongen et Marquet.

Contemporain de Jean Lurçat, Charles Lapicque (1898-1988) aura droit aux honneurs de Drouot-Montaigne, où les études Pescheteau-Badin, Godeau et Leroy, et Ricqlès, mettront en vente, le 29 mai, une quarantaine de ses œuvres proposées entre 3 000 et 200 000 francs. Parmi elles, une charmante huile de 1953, Le Sillon de Talbert, qui montre des barques dansant sur un plan d’eau et rappelle Les Barques à Martigues, de Dufy (40-60 000 francs), et Manœuvre de nuit, dépeignant l’entrée d’un port à la nuit tombée (180-220 000 francs). À noter aussi des dessins de Foujita, Othon Friesz et Derain, des aquarelles de Balthus, Lebourg et Hélion et des huiles de d’Espagnat, Maximilien Luce et Henri Martin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°106 du 26 mai 2000, avec le titre suivant : Un printemps coloré

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