Un Matisse oublié au-dessus d’une armoire

Le Portrait d’Hélène Mercier, née Princesse Galitzine, assise (1938, au fusain et à l’estompe, voir ill.) avait disparu depuis l’exposition consacrée à l’artiste au Philadelphia Museum of Art en 1948. L’actuelle propriétaire ignorait qu’elle était en sa possession.

Estimé entre 300 000 et 400 000 euros, ce dessin pourrait faire monter les enchères, car il possède plusieurs atouts, en plus d’être signé, daté et d’avoir été exposé. D’abord, son modèle est célèbre puisqu’Hélène Galitzine-Mercier (1912-1966) était, avec sa compatriote russe Lydia Delectorskaya, le modèle préféré de Matisse. Elle a posé notamment pour Le Collier d’ambre (1938) ou encore Robe rouge et Tulipes violettes (1937). Puis, il s’agit d’une œuvre préparatoire à un encadrement peint d’une cheminée – décor commandé par Nelson Rockefeller pour son penthouse de la Cinquième avenue (à Manhattan) à l’architecte Wallace K. Harrison, qui s’est adressé à Matisse pour le réaliser. Intitulé Le Chant (1938), Hélène Mercier y est représentée aux côtés de Lydia Delectorskaya. « Sachant que le premier contact avec le modèle était toujours au fusain, comme en témoigne Lydia Delectorskaya dans le catalogue de l’exposition des musées Matisse de 2010 “Lydia D., muse et modèle de Matisse”, on peut penser que notre dessin au fusain est le premier de la série », considère l’expert Agnès Sevestre Barbé.

Si un dessin issu de la même série – Jeune Fille accoudée– a été vendu 1 million de dollars chez Phillips New York en 2017, il n’y a pas eu de feuille de Matisse de cette qualité sur le marché français depuis fort longtemps.