Un homme-oiseau sous le marteau

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 22 janvier 1999 - 349 mots

Une statue de César, L’homme de la liberté, représentant un homme-oiseau en bronze monté sur des patins à roulettes, haute de 5 mètres et pesant dix tonnes, sera mise en vente à Lyon le 7 février. Cette œuvre, qui a connu des démêlés judiciaires, sera probablement déboulonnée et retirée de la place Tolozan, où elle trônait depuis 1989.

LYON - L’Homme de la liberté défraie la chronique depuis plusieurs années. En avril 1997, au nom du “respect de l’intégrité de son œuvre”, César s’était opposé à ce que la statue ornant une place prestigieuse de Lyon, à proximité de l’Opéra rénové par Jean Nouvel, soit déboulonnée et mise aux enchères, à la suite de la mise en liquidation judiciaire de la Société lyonnaise de conseil en investissement (Slyci) qui l’avait acquise en 1989. Sa demande ayant été rejetée par le Tribunal de commerce de Lyon, l’avocat du sculpteur avait annoncé qu’il allait faire appel.

Un an plus tard, en mai 1998, la statue et son auteur ont connu de nouveaux déboires. Soupçonné d’avoir surfacturé l’Homme de la liberté, vendu 3,2 millions de francs à la Slyci alors qu’il était initialement évalué 2,5 millions de francs, César avait été mis en examen par le juge lyonnais Marc Laleix et placé sous contrôle judiciaire pour “complicité et recel d’abus de biens sociaux”. Cette différence de prix trouverait son origine dans le don d’une sculpture et d’un tableau – évalués environ 800 000 francs, une somme équivalente au surcoût – que César avait fait à Henry Pochon, responsable de la Slyci. Me Paul Lombard, son avocat, avait réclamé le non-lieu pour son client en expliquant “qu’il est absolument courant de donner un cadeau à un amateur d’art dans le cadre d’un bonne relation après une vente de cette importance”. La procédure s’est éteinte après la mort de César, le 6 décembre. La statue, estimée 1,2-1,5 million de francs, sera mise en vente par Jean-Claude Anaf, le 7 février à l’Hôtel des ventes de Lyon, pour combler le passif de la Slyci. Et la place Tolozan devrait perdre son hôte le plus célèbre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°75 du 22 janvier 1999, avec le titre suivant : Un homme-oiseau sous le marteau

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